Contrairement aux apparences ces photos ne sont celles du front de mer de
Dubaï, mais celle de
Qianhai, une des zones portuaires de
Shenzen, située au nord ouest de
Hong-Kong. C'est l'un des nouveaux poumons de la
Chine du sud avec le
port de Yantian (Voir
Quand les Chinois jouent à SimCity ).
Une grande partie de la croissance de
Qianhai est fondée sur la création de nouvelles terres sur la mer, comme le montre le développement des polders ci-dessous. Outre de vastes plate-formes de logistique, ceux-ci serviront de support sur un peu plus de 1 800 hectares à la création un nouveau coeur urbain de 1,5 millions d'habitants. Les tours ci-dessus sont les prémices de cette nouvelle villes qui permettra de renforcer encore un peu plus la coopération entre
Shenzen et l'ancienne colonie britannique (voir
GD-HK pact to fuel Qianhai development)
Il restait à définir un plan urbain ambitieux pour cette vaste baie. C'est chose faite depuis quelques jours, puisqu'après une vaste consulation internationale, l'
Urban Planning Land and Resources Commission of Shenzhen vient de choisir le cabinet américain
James Corner Field Operations
Je ne vais pas m'étendre sur ce projet, si ce n'est pour remarquer qu'il ressemble étrangement à celui prévu pour le coeur du
Dubaï, et confirme ainsi le parallèle toujours très tentant à faire entre cette cité-état et
Shenzen tant sur la forme que sur la rapidité du développement (voir
One new high speed urbanism ? ), même si
a priori tout les oppose (l'une est aussi minuscule que l'autre est tenataculaire)
Et c'est justement ce parallèle qui moi me frappe aujourd'hui. Un parallèle qui tendrait à montrer que l'hypothèse d'une modernité métissée défendue par certains ( voir
là ) n'est aujourd'hui plus valable. Et que c'est plutôt à une occidentalisation accélérée du monde à laquelle nous assistons.
C'est en tout cas l'idée que défend quelqu'un comme
Gilles Lipovetsky dans
"L'Occident mondialisé : Controverse sur la culture planétaire".
Pour lui, les choses sont claires "
en dépit de la réactivation des identités particulières, c'est moins une "modernité métissée qui s'annonce qu'une hypermodernité mondiale"
"S'il s'agit de dire qu'il existe des modernités échappant aux principes structurants du monde occidental moderne, la thèse est éminemment discutable, en ce qu'elle donne un poids excessif aux facteurs politiques, culturels et religieux, en même temps qu'elle sous-estime celui autres organisation lourdes (économie, science, technique, éducation individualisation) La vérité et que le processus de modernisation emprunte partout les mêmes voies structurelles.
L'occidentalisation qui gagne, ce n'est pas l'occidentalisme, ni l'american way of life érigé en modèle pour toutes les civilisations : c'est le processus de modernisme-rationalisation de toutes les nations et de leur manières de penser, de produire et d'agir quelle que soit l'intensité des réactivations culturelles, c'est la cosmopolitisation de la réalité planétaire, la diffusion mondiale des vecteurs universalistes constitutifs de l'âge moderne tel que l'a développé l'Occident."
C'est une question que nous avons déjà abordé dans ce blog (voir
là et
là). Et il faut bien avouer que les photos ci-dessus vont dans le sens des analyses de
Lipovetsky et semblent totalement démentir la thèse défendue par quelqu'un comme le sinologue
François Jullien pour qui
la Chine se démarquerait peu à peu du modèle occidental.
Et comme pour renforcer cette hypothèse d'une hyper-occidentalisation du monde, et plus particulièrement de la
Chine, je ne peux que vous renvoyer vers cet article du
Guardian titré "
China: The next superconsumer ?" dont vous trouverez un extrait ci-dessous.
"Chinese consumers have never had more options. America's Wal-Mart, France's Carrefour, Britain's Tesco and Japan's Ito Yokado are expanding in China faster than in any other country.
Each year, they open hundreds of new stores in the expectation that demand will surge as more rural migrants move into cities and work their way into the middle class. Young urbanites are becoming as enthusiastic about french fries, burgers and fried chicken as their counterparts in New York or London.
When the first KFC opened near Tiananmen Square in 1987, it was seen as a novel western dining experience; 20 years later, the company has 2,000 outlets in 400 cities, employing 200,000 people, making it easily the biggest restaurant chain in China.
In roughly the same period, McDonald's had grown from one restaurant to 800."