Si les menaces terroristes sont devenues depuis une quinzaine d'années une véritable obsession jouant peu à peu sur le visage de nos cités (voir, entre autres,
là et
là), les images de champignons atomiques sur les villes ont, elles, quasiment disparues. Le tableau ci-dessus, intitulé
The Atomic Bombardment of New York date des années 60 et fut réalisé en pleine guerre froide. La menace terroriste prend plus la forme d'attentat dans les transports publics, et notamment le métro, que de véritables bombes atomiques. Aujourd'hui l'utilisation de cette dernière semble même assez improbable, sauf évidement "
bombe sale" d'un groupe terroriste ou engrenage délirant, et toujours possible, entre l'
Inde et le
Pakistan ou entre
Israël et l
'Iran.
Si je vous parle de ce sujet, c'est que
Google Earth vient de se voir doter d'une nouvelle fonction qui semble confirmer le site dans son statut de meilleurs baromètre existant actuellement sur les conséquences des catastrophes, naturelles ou non, qui menacent nos villes. En effet, on connaissait déjà le logiciel
flood.firetree qui permet de visualiser les ravages que causeraient la montée des océans sur un certain nombre de grandes villes . Et bien maintenant, grâce au site
Carloslabs, ce sont les retombées radioactives de différents types de bombes atomiques que vous pourrez mesurer sur la ville de votre choix !!
Ci-dessous, j'ai fait "
l'exercice" sur New-York en choisissant la fameuse
Fat man de 21 kt, lâchée par les américains sur
Nagasaki en août 1945.
Afin de rendre les choses un peu plus concrètes, je vous ai mis ci-dessous les conséquences bien réelles de cette bombe sur
Nagasaki. C'est juste terrifiant.
Je suis passé à
Nagasaki il y a quelques mois, et j'avoue avoir été extrêmement frappé par l'absence de trace de ce bombardement sur le visage de la ville aujourd'hui, qui ressemble à n'importe quelle ville japonaise actuelle. La capacité des hommes à reconstruire let à repartir m'a - je l'avoue - toujours fasciné.
Si malgré ces images, il vous prenait l'envie de jouer au
Major "King" Kong, l'officier qui décide de bombarder l'Union soviétique dans le
Dr Strangelove de
Stanley Kubrick (photo ci-dessous), et bien vous pourrez le faire.
En effet, les concepteurs du logiciel qui ne manque pas d'un certain humour, vous offre la possibilité de
nucléariser la ville de votre choix avec la fameuse
Mk 28 du film larguée d'un
B 52. J'ai fait l'exercice sur
Washington, et, en deux clics, j'ai découvert les conséquences d'une telle catastrophe sous forme de cercles concentriques me donnant une petite idée des dégâts que causerait l'engin.
Si j'ai choisi la capitale des
Etats-Unis, ce n'est évidement pas par hasard, mais parce que vient de sortir
Fallout 3, troisième
opus de ce jeux se déroulant en 2077 dans un
Washington entièrement détruit par une guerre nucléaire.
Les deux images ci-dessus tirées du jeu, vous donnent une petite idée de l'ambiance et de ce à quoi pourrait ressembler la ville après un conflit atomique.
Trailer du jeu
là.
Tout cela est aussi efficace que
S.T.A.L.K.E.R. sur les conséquences de
Tchernobyl (voir
là et
là)
Entre
Google Earth et les
jeux vidéos,
on voit ainsi se dessiner la convergence de nouveaux outils de réflexions et de prospectives urbaines jusque là encore très peu exploités.C'est l'apparition de nouvelles approches qui vont peu à peu modifier les imaginaires des nouvelles génération et leurs façons de penser et d'appréhender la ville. Et à ce propos, je voudrais vous soumettre un extrait d'un interview accordé récemment par le cinéaste mexicain
Guillermo del Toro sur cette nouvelle culture des jeux vidéo.
"
Le jeu vidéo apporte beaucoup plus d’émotions épiques que le film, c’est une réalité. Le jeu propose des outils narratifs, des techniques dramatiques, qui font passer le spectateur captif et passif d’une salle de cinéma au statut de conducteur actif des événements. Je pense que tous ces nouveaux outils de narration ont commencé d’investir le monde du film et que le jeu vidéo est aujourd’hui l’influence majeure qui renouvelle le cinéma. Je vois davantage les cinéastes du XXIe siècle comme des compositeurs d’opéra, qui vont pouvoir mélanger les traditions et profiter de cet incroyable renouvellement. Je suis convaincu qu’un cinéaste comme Robert Bresson aurait adoré GTA IV, pas forcément en tant que jeu, mais comme expérience de la réalité, avec cette brillante promesse d’illimité offerte par le moteur de ce jeu révolutionnaire.
J’imagine que dans les prochaines années, la grande affaire sera dans la réunion de toutes les formes de jeu vers une plate-forme unique, éternellement connectée et accessible universellement. Téléphone, console, PC, télé, Internet, Blu-Ray, ce qu’on voudra : tout sera réuni en un équipement électronique portable qui vous suivra partout et vous permettra de jouer vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, dans un immense système viral en expansion continue."
Entretien
in extenso là.