Chez Transit-City, nous travaillons actuellement sur la double hypothèse d'un réensauvagement des villes - voir, Rewild City ® - d'un
réensauvagement de la mobilité - voir, Rewild Mobility ®.
Cette réflexion suppose de définir ce qu'est le sauvage.
Pas simple car s'il y a un mot polysémique, c'est bien celui de sauvage.
Donc, on peut être tenté de le définir en creux, c'est à dire par "ce qu'il n'est pas".
Le géographe Augustin Berque propose trois notions afin de définir ce qu'il a appelle "la totalité de nos milieux"
- la ville / city
- la campagne / countryside
- l'espace sauvage / wilderness.
Le problème est que cette partition suppose que ces trois notions aient des territoires bien définis.
Ce qui n'est évidement pas le cas. L'urbain mange la campagne, et les forêts supposées sauvages (silva, forêt en latin a donné sauvage) sont entrées dans une logique d' industrialisation agricole - voir "Et si on rêvait d'une forêt qui n'existe plus ?"
On a donc un premier problème qui est celui du territoire.
Mais on a aussi un problème de définition de valeurs.
- On sait définir la ville, et à peu près l'urbain.
- Mais on sait de moins en moins définir la campagne - là.
- Et on ne sait pas, ou plus, définir l'espace sauvage.
Et ce surtout en Europe, zone où il n’existe plus de zones sauvages.
En France, on ne parle que très très rarement du sauvage, où alors de façon régressive ou polémique avec, notamment, la réintroduction des loups et des ours.
Et donc pour penser le sauvage, il faut chercher ailleurs et notamment aux États Unis, pays du wilderness.
Et il faut notamment chercher du côté des romanciers américains qui l'ont réfléchit depuis des années.
Avec eux, on sort de la célébration béate du wilderness.
Avec eux, wilderness n'est plus un décor de carte postale.
Avec eux, wilderness prend de l'épaisseur, du vécu.
Lire ces auteurs, c'est comprendre que l'on ne peut pas opposer "sauvage" à "civilisé".
Lire ces auteurs, c'est comprendre que nos barrières mentales et les classifications traditionnelles définit par les sciences dures, ne tiennent pas, n'ont, en fait, jamais tenu et - surtout - ne tiendront plus pour penser le monde et les combats écologiques à venir.
Et s’il y a un écrivain qui fait particulièrement bien ce travail depuis plusieurs années, c’est Rick Bass.
Ayant débuté sa carrière comme géologue l’industrie pétrolière (voir "Oil Notes" et "Toute la terre qui nous possède"...), il est capable de penser les territoires sauvage sous des angles très différents.
"Il nous faut la vie sauvage pour nous protéger de note propre violence. Il nous faut la nature sauvage pour contrer cette culbute dans le noir, infinie et tourbillonnante, où c'est précipitée une démocratie branlante, déstabilisée par le big business. Nous sommes un pays adolescent qui imite les poses viriles des cow-boys Marlboro à la mâchoire carrée qui s'affichent sur Madison Avenue. Il nous faut la force des lys, des fougères, des mousses et des éphémères. Il nous faut la virilité des lacs et des rivières, la féminité des pierres, la sagesse du calme, sinon du silence." - "Le Livre de Yaak. Chroniques du Montana"
On ne va pas dans ce post, analyser son oeuvre.
On veut juste montrer qu'avec lui, le sauvage est plus complexe et riche qu'on ne veut bien le penser et tenter de le réduire.
On veut juste faire l'hypothèse que lire Rick Bass et réfléchir avec lui au sauvage, permet d'enrichir la pensée urbaine.
Car chez Transit-City, on est persuadés que pour penser la ville de demain, il va forcément falloir en sortir.
On est persuadés qu'il est urgent d'aller chercher des sources d'inspirations dans lesquelles les professionnels de l'urbain pas l'habitude d'aller chercher.
La démarche Rewild City ® s'inscrit dans cette logique d'un renouvellement de nos approches.
Et quelqu'un comme Rick Bass peut nous aider dans ce travail.