J'ai toujours été étonné par le décalage entre la formidable croissance des villes chinoises et leur quasi absence dans le cinéma d'action. Je me suis souvent fais la remarque que si Tokyo, Hong-Kong, Singapour et Bangkok étaient d'extraordinaires fonds urbains pour le cinéma, Shanghaï, était, elle, quasiment, invisible, alors qu'elle dégage pourtant une énergie digne de celle de New-York.
La seule exception à cette absence fut Code 46, de l'anglais Michael Winterbotton (les photos ci-dessus en sont extraites). Mais, depuis, plus grand chose.
Or, selon moi, ce qui manque aux villes chinoises et notamment à Shanghaï pour devenir véritablement modernes et presque désirables, c'est cette inscription dans la pop culture des films d'actions, des mangas et des jeux vidéo, comme c'est le cas depuis longtemps pour une ville comme Hong-Kong. Mais les autorités chinoises sont-elles prêtes à accepter des tournages de films "déviants" dans leurs villes ? Probablement pas. Et ce n'est pas l'expo Shanghaï 2010 qui changera les choses, celle ci n'étant destinée qu'à présenter le discours aseptisé des édiles du Parti.
Reste donc à espérer que toute une nouvelle génération de réalisateurs de film ou de concepteurs de jeux video s'empare du sujet, et nous fasse rêver sur ces villes chinoises qui, aujourd'hui, manquent terriblement de réalités non officielles et de fictions. Il manque, sans doute, à Shanghaï un film comme Blade Runner qui avait réussi à magnifier Osaka, présenté comme modèle du Los Angeles du futur. Tout d'un coup, cette grosse métropole japonaise, qui n'est pas forcément la plus joyeuse de l'archipel, est devenue terriblement moderne.
D'où, une question; et si Shanghaï n'avait pas besoin d'autre chose que d'une grosse fiction sous forme de film ou de jeux vidéo, pour devenir enfin réel et moderne ? Et si Shanghaï servait de cadre urbain au futur Grand Theft Auto V ? Ou, mieux encore, et si de jeunes chinois nous inventaient un nouveau jeu vidéo avec tous les dessous plus ou moins reluisants des immenses cités dortoirs installées derrières les tours de bureaux Pudong ?
On sortirait alors, enfin, de la fiction totalitaire, pour rentrer dans la vraie ville. C'est, peut-être, juste une question de quelques années.