Wednesday, September 17, 2014

POST-FORDISM : LE KAYAK INUIT COMME MODÈLE ?

Dans la série "Ce sont quoi les nouveaux imaginaires du post-fordism ?"

La révolution post-fordiste ne va pas seulement être une révolution technique.

Ella va aussi - et surtout - être une révolution culturelle.

Elle va engendrer des modes de pensées et de conceptions radicalement nouveaux.

Les moteurs de ces nouvelles démarches de conceptions vont être de natures très différentes (économiques, techniques, écologiques, sociaux, culturels, ludiques, sportives, néo-luddites... ) et les produits qui sortiront de ces nouveaux process devraient prendre pour certains d'entre eux des formes aujourd'hui difficilement imaginables ().

Ce qui est certain aussi, c'est que le post-fordism devrait aboutir à une production ultra-personnalisée avec des produits totalement adaptés aux envies, aux besoins mais aussi au corps de l'individu qui l'acquerra.

Dans cette optique d'hyper-nidividualisation, je me suis demandé : 

Quel est aujourd'hui le moyen de transport pensé, conçu et construit autour des particularités du corps de celui qui va l'utiliser ?

La réponse la plus intéressante que j'ai trouvé est le kayak inuit fabriqué depuis plus de 4 000 ans et dont aucun modèle ne se ressemble à un autre, chaque kayak étant le reflet de la morphologie de celui qui l'utilise. 

Voila ce qu'on peut lire dans le très réjouissant "Le kayak anthropométrique " écrit par deux jeunes designers et d'où j'ai aussi pris les dessins qui illustrent ce post : 

(...) "Le constructeur utilisait un système de mesure personnel pour créer un kayak à la mesure de son propre corps. La longueur du kayak est égale à trois fois l’écartement de ses bras tendus (qui est égale à sa hauteur – cf. homme de Vitruve).

La largeur au niveau du poste de pilotage est déterminée par la largeur du « massiq » (la pièce de pont la plus large du bateau), équivalente à la largeur des hanches du constructeur additionnée d’un pouce à un poing en épaisseur ou en largeur. La profondeur du bateau est équivalente à la largeur d’un poing plus la longueur d’un pouce." (...) 

(...) "Les Inuits ne sachant pas nager, tomber à l’eau leur serait fatal (au choix : noyade ou hypothermie). La nécessité de « faire corps » avec son bateau prend alors tout son sens. 

Ainsi, après avoir chaviré, « faire corps avec » permet de se retourner en prenant appui – des pieds, des genoux, des hanches – sans avoir à sortir du bateau. Se mouiller au minimum permet ici d’augmenter ses chances de survie. (...) 

(...) Objet premier (et non primitif) car il est aujourd’hui construit, débarrassé des oripeaux du bateau de chasseur, mais perpétué et réinventé par de nombreuses communautés d’usagers à travers le monde.

“Il est à la fois objet racine (forme du Néolithique persistante) et objet repère (témoin d’évolution de pratiques et de techniques d’un peuple sur au moins 4 000 ans).” (...)

(...) L’implication du corps prend tout son sens dans ce processus. La forme se construit autour du corps, à la mesure du corps et en l’impliquant pleinement.(...)

Le texte est à lire in extenso est .

Il ouvre de très belles perspectives de réflexions notamment sur les nouvelles façons de penser les moyens de transports ultra personnalisés, plus light et plus sportifs du futur. On y reviendra très bientôt.

Ce texte est aussi, me semble-t-il, un lien parfait entre nos récentes réflexions sur le post fordism () et le prochain Atelier Transit City du 26 septembre organisé autour de la question "C'est quoi penser la performance sportive ?"