Pour faire un lien entre mes récentes réflexions sur le corps, la performance sportive et la fin du fordism.
L'une des caractéristiques du fordism est de réduire au maximum la mobilité des travailleurs en les maintenant à des postes fixes.
L'une des caractéristiques du post-fordism contemporain est, au contraire, de chercher à rendre les travailleurs les plus mobiles possible afin que ceux-ci puissent travailler partout et tout le temps.
Tous les travailleurs n'ayant pas vocation à être nomades, on peut se demander si afin que tous les travailleurs soient en permanence mobiles, l'idéal du poste de travail de demain ne serait pas un tapis roulant face à un ordinateur ?
Cette "mobilité statique" (bel oxymore !!) ne serait non plus fondée sur un vrai déplacement, mais juste sur la nécessité du mouvement afin de maintenir les travailleurs en forme et en éveil.
Si cette nouvelle idéologie devait demain irriguer les imaginaires manageriaux, alors le "parfait travailleur du futur" pourrait être un actif hyper-connecté marchant sur son tapis comme un hamster dans sa roue. C'est terrifiant, mais c'est un mouvement déjà plus qu'émergent - voir "Et si c'était Nike qui réinventait les imaginaires du bureau ?"
Dans ce contexte, l'une des vraies questions sur l'évolution des conditions de travail pourrait être : et si demain la performance professionnelle était indexée sur la performance sportive ?"
En tout cas aujourd'hui tous les ingrédients sont là pour que pour se mette en place un tel système - voir "Quand la notion de performance sportive change de nature" et "Et si désormais il fallait regarder le monde sous ce prisme ?"
Et pour ceux qui préfèrent imaginer le travail de demain allongé, voir "La performance couchée" et "Couché".