Friday, March 19, 2021

ET SI L'OUTDOOR POSAIT LES BASES D'UN NOUVEAU TYPE DE SOUVERAINETÉ POLITIQUE ?

Commençons par un constat.

Aujourd'hui le poids de l'outdoor n'a jamais été aussi grand dans nos pratiques et nos imaginaires sportifs et urbains

C'est pour travailler sur cette mutation que nous avons lancé en juin 2020 notre chantier Outdoor City ®  - voir, .

Depuis ce désir d'outdoor n'a cessé de croitre, notamment par réaction à la Covid -

Cette montée en puissance de l'outdoor peut être regardée de deux façons :

- soit en la cantonnant à une simple envie de nature et de nouvelles pratiques sportives.

- soit en la regardant comme un véritable enjeu politique dans les années à venir.

Nous, chez Transit-City, nous faisons le pari que l'outdoor va devenir une nouvelle catégorie politique permettant de réinterroger les champs et les territoires du politique.

Nous avons souvent évoqué dans ce blog, le poids des acteurs de l'outdoor dans le débat politique américain - voir, notamment, .

Nous nous sommes même demandés, si ces acteurs de l'outdoor ne pourraient pas devenir une nouvelle force politique ? - .

Mais un nouveau palier dans cette politisation de l'outdoor est en train d'émerger avec la nouvelle notion d'Outdoor State lancée par le mouvement Protect Our Winters - plus, .

En deux mots, l'Outdoor State est l'ensemble des territoires naturels menacés par les dérèglements climatiques et qui devraient être protégés par tous les passionnés et pratiquants d'outdoor. 

Si cette notion est aujourd'hui purement américaine, sa force et sa valeur dépassent largement les Etats-Unis.

L'Outdoor State est un concept très fort et très novateur.

C'est un concept qui définit une nouvelle territorialité politique : celle des lieux où l'on peut assouvir sa passions pour l'outdoor. 

C'est un territoire qui ne se définit par pas ses frontières, mais par ce que l'on peut y faire.

C'est un concept qui dessine un nouveau type d'acteur politique : les pratiquants de l'outdoor.

C'est un concept qui dessine à la fois un nouveau concept de citoyenneté mais aussi un nouveau concept de territoire.

C'est donc potentiellement, un concept qui dessine un nouveau concept de nationc'est-à-dire des individus qui se considèrent comme liés par une même passion et des mêmes pratiques. 

Et si on va jusqu'au bout de cette grille de lecture juridico-politique, on peut se demander si l'Outdoor State ne pourrait pas être possiblement la base d'un nouveau type d'Etat-nationc'est-à-dire la coïncidence entre une notion d'ordre identitaire, la nation, ici définie par la pratique de l'outdoor, et une notion juridique, l'Etat, qui exerce via des institutions une souveraineté sur un territoire. Si les institutions de l'Outdoor State sont aujourd'hui absentes, le territoire et le désir de communauté y sont, eux, bien présents. Et rien ne dit qu'à long terme, ceux-ci n'aboutissent pas à la création de nouvelles institutions dotées de réels pouvoirs.

Le "we are the outdoor state" peut être vu comme une véritable déclaration d'indépendance souverainiste donnant à l'outdoor une nouveau poids politique. 

Notre réflexion sur l'évolution politique de la notion d'outdoor est directement liée à l'exceptionnel travail conceptuel de Bruno Latour engagé dans son livre "Où atterrir ? Comment s'orienter en politique ?" sur les nouvelles bases du combat au politique au XXI° siècle.

Selon lui, le nouveau mapping politique du XXI° ne se définira plus entre gauche/droite ou entre nationalistes et mondialistes, mais entre ceux qui mettent le changement climatique au coeur de leur réflexion et de leur action politique, et les autres.

Pour 
Bruno Latour, le vrai curseur en politique de demain sera la volonté de lutter ou non, contre les changements climatiques.

Avec l'Outdoor Stateon est très clairement dans cette possible redéfinition du curseur et des territoires du politique.

C'est passionnant.

Nous avions déjà engagé ce même genre de réflexion sur la possible définition d'une nouvelle grille politique du sport, .