Wednesday, May 12, 2010

PARANOIA


Pour faire suite à notre récent Atelier organisé sur le thème " Et si l'obsession sécuritaire changeait insidieusement nos rapports à la ville ? ", je voulais vous proposer cette très jolie provocation intitulée "Domus Paranoia", réalisée en 2007 par l'agence italienne Salottobuono. Le pire étant évidement qu'un tel catalogue Ikéa aurait toutes les chances de rencontrer un vrai succès commercial par sa façon de banaliser tous ces équipements militaires et, donc, de totalement décomplexer les acheteurs potentiels de ce type de matériel.

On retrouve dans ces pages, le même état d'esprit très provoc que dans le talentueux projet de Tom Vigar, Subtopian Dreams.

Tuesday, May 11, 2010

DREAMLANDS


Juste ces deux images pour vous inciter à aller voir la très belle expo "Dreamlands - Des parcs d'attractions aux cités du futur" qui vient d'ouvrir au Centre Beaubourg à Paris.

Elle montre comment les foires internationales, les expositions universelles et les parcs de loisirs, " ces mondes clos et parallèles, ont conditionné l’imaginaire artistique, architectural et urbanistique contemporain. Du Las Vegas des années 1950 et 1960 au Dubaï actuel, ils ont contribué à modifier profondément notre rapport au monde et à la géographie, au temps et à l’histoire, aux notions d’original et de copie. Ces Dreamlands ont contribué à brouiller les frontières entre l’art et ses vieux rivaux : le kitsch et le divertissement."

L'expo, et l'excellent catalogue, s'intéressent donc tout particulièrement à une de nos passions chez Transit-City, qu'est la manière dont s'élaborent les nouveaux imaginaires urbains et comment ceux-ci influencent directement nos façons de penser et de concevoir la ville.

Sur ce sujet, voir, entre autres, "Et si la ville devenait un parc de loisirs ?", "Et si Las Vegas était le modèle urbain du XXI° siècle ?", mais aussi "City Games : et si les jeux vidéo remettaient en cause nos façons de penser et de pratiquer la ville ?" et, bien sur, "Fiction Cities".

Voir aussi, "L'architecture du réconfort : les parcs thématiques de Disney" du Centre Canadien d'Architecture (CCA).

Monday, May 10, 2010

ET SI C'ÉTAIT A CHICAGO ...



Et si entre métro aérien, gratte-ciel, rues à étages, réseau de livraison souterrain, urbanisation des voies ferrées, c'était à Chicago que s'était dessinée la ville idéale dense et mobile du XXIe siècle ?

C'est pour tenter de répondre à cette très large question que nous avons invité pour notre Atelier Transit-City du vendredi 4 juin prochain, Jean CASTEX qui vient de publier un passionnant : "Chicago 1910-1930 - le chantier de la ville moderne".


Toutes les infos sur cet Atelier, .

Et sur un sujet très proche, mais à New-York, voir, .

Saturday, May 08, 2010

FAILLE

En 2007 Century Travel avait lancé une superbe campagne sur le thème "Where does your world end ?" illustrée par des annonces aux visuels chocs, dont celle ci-dessus.

Evidement en voyant cette image, on sourit à la fois devant la perfection du montage photographique et à l'idée que cela puisse un jour exister. Mais cela existe visiblement aujourd'hui, tout du moins si on en croit le superbe cliché ci-dessous réalisé en 2008 en Chine par le photographe hollandais Bas Princen. Je n'ai pas compris où cette photo a été prise (son titre est Valley, sans plus de précision), mais elle est impressionnante et elle donne terriblement envie d'en savoir plus. En attendant, elle ouvre la porte à tous les rêves, et joue - donc - formidablement son rôle pour revitaliser et renouveler nos imaginaires.

On retrouve là, la situation rencontrée parfois sur SimCity.

Tuesday, May 04, 2010

ELEVATORS : THE TIME COST



Que ce soit dans "Star Wars", sous forme individuelle, ou dans "Le Cinquième élément", sous forme collective, l'ascenseur est présenté comme un moyen de transport urbain à part entière. Il faut dire que dans ces villes hyper-verticale, l'idée apparaît assez évidente et s'appuie sur une réalité historique : sans elevator, pas de building. Les formes urbaines sont toujours liées aux moyens de transport, les banlieues se sont développées grâce au train et à la voiture.

Si aujourd'hui on fait l'hypothèse d'une redensification des zones centrales des grandes métropoles, doit-on commencer à remettre l'ascenseur au coeur de nos réflexions sur les nouvelles formes de la mobilité urbaine ?

Et si oui, doit-on commencer à calculer le temps passé/perdu dans les ascenseurs, comme on le fait pour les voitures
(voir ) ?

C'est en tout cas ce que vient de faire IBM dans une récente étude consacrée à l'utilisation des elevators dans les immeubles de bureaux aux Etats-Unis. Voir la synthèses des résultats et les commentaires , et le rapport final .


"The cumulative time that office workers spent stuck in elevators in the past 12 months totaled 33 years across the 16 cities, broken out in the following way: New York City, 5.9 years; Los Angeles, 4.3 years; Chicago, 3.2 years ... "

"The time spent waiting for an elevator is even more onerous. The cumulative time that office workers spent waiting for elevators in the past 12 months totaled 92 years across the 16 cities, broken out in the following way: New York City, 16.6 years; Los Angeles, 8.7 years; Chicago, 9.0 years ... "

Sur ce sujet, voir aussi .

Monday, May 03, 2010

FACE CACHÉE

Alors que le monde entier est censé s'extasier sur l'Exposition universelle de Shanghai, je voulais juste vous proposer ces trois photos (vues ) qui en disent bien plus que de longs discours sur la façon dont les autorités chinoises pensent la ville. Raser, s'entraîner contre d'éventuels émeutiers et - surtout - tout contrôler et flicer (voir ).

Voir aussi Quand Shanghai deviendra-t-elle totalement moderne ?

Sunday, May 02, 2010

CARTONS




Quand les bâtiments deviennent des emballages, ... ou le contraire. C'est encore signé EVOL

RUINES




Bétons, poussière, moisissure ... un regard dérangeant et très troublant sur la ville de Dresde tiré des EVOL's 'Buildings' series.

AGRAFES




De loin cela ressemble à des ruines, de prêt ce sont des agrafes.

Une jolie réflexion sur les volumes de la ville signée du plasticien Peter Root.

Thursday, April 29, 2010

TOUT CELA POUR CELA ?


"Selon des statistiques vérifiées ( Philip Bobbitt, Terror and consent, the war for the twenty-first century, New-York, Knopf, 2008), un citoyen des Etats-Unis ne risque pas plus dans sa vie d'être tué par le terrorisme international qu'aux Etats-Unis par la foudre ou une allergie aux cacahuètes. Cela vaut-il vraiment un budget de défense (2008) de 481 milliards de dollars et une "guerre à la terreur" ayant directement coûté, de fin 2001 à fin 2007, 640 milliards de dollars ?"

Extrait d'une note de bas de page lue dans "Les nouveaux dangers planétaires : Chaos mondial, décèlement précoce", de Xavier Raufer qui sera l'un de nos invités lors du prochain Atelier Transit-City organisé sur le thème "Et si l'obsession sécuritaire changeait insidieusement nos rapports à la ville ?"

Monday, April 26, 2010

THE EFFECT OF EYJAFJALLAJOKULL ON THE WORLDWIDE TRANSIT


Publié par EU Infrastructure ce graphique se passe de tout commentaire. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Pour aller plus loin sur le sujet, voir et .

Sunday, April 25, 2010

FOUCAULT'S BOOMERANG


Dans le cadre de la préparation de notre prochain Atelier du 6 mai intitulé : " Et si l'obsession sécuritaire changeait insidieusement nos rapports à la ville ?", je voulais vous proposer les quelques lignes ci-dessous issues de "Cities under siege - The new military urbanism" de Stephen Graham, dont je vous avais déjà parlé , mais qui vient seulement de sortir.

Dans le long extrait ci-dessous, Graham revient sur le travail de Michel Foucault qui avait montré dès le milieu des années 70, comment les stratégies de contrôle et de répression développées par les pays occidentaux dans leurs colonies au XIX et au début du XX° siècle, avaient été peu à peu importées et appliquées dans les pays colonisateurs pour mieux contrôler leur population.

Allant dans le sens des réflexions que nous développons depuis plusieurs années (voir ), il montre comment les politiques de ségrégation urbaine conduites par les Israéliens dans les territoires occupés ou par l'US Army en Irak sont de véritables laboratoires pour l'urbanisme ultra-sécuritaire qui se met peu à peu en place dans un certain nombre de pays (Etats-Unis, Royaume-Unis, France, Afrique du Sud, Inde ... )

"The new military urbanism feeds on experiments with styles of targeting and technology in colonial war-zoness, such as Gaza or Bagdad, or security operations at international sport events or political summits. These operationss act as testing grounds for technology and techniques to be sold on through the world's burgeoning homeland security markets. Through such processes of imitation, explicitly colonial models of pacification, militarization and control, honed on the streets of the global South, are spread to the cities of capitalist heartland in the North. (...)

(...) International studies scholar Lorenzo Veracini has diagnosed a dramatic contemporary resurgence in the importation of typically colonial tropes and techniques into the management and developpment of cities in the metropolitan cores of Europe and North America." (...)

"It is important to stress, then, that the resurgence of explicity colonial stratégies and techniques amongst nation-states such as the US, UK and israel in the contemporary 'post-colonial" period involves not just the deployment of the techniques of the new military urbanism in foreign war zones but their diffusion and imitation through the securization of Western urban life.

As in the ninetheenth century, when European colonial nations imported fingerprinting, panoptic prisons ans Haussmannian boulevard-building through neighbourhood of domestic cities after first experimenting with them on colonized frontiers, colonial techniques today operate through what Michel Foucault termed "boomerang effects". "it should never be forgotten", Foucault wrote
,
that while colonization, with its techniques and its political and juridical weapons, obviously transported European models to other continents, it also had a considerable boomerang effect on the mechanisms of power in the West, and the apparatuses, institutions, and techniques of power. A whole series of colonial models was brought back to the West, and the result was that the West could practice something resembling colonization, or an internal colonialism, on itself.
(Michel Foucault, Society must Be defended : lectures at the Collège de France)

In the contemporary period, the new military urbanism is marked by - and, indeed, comprises - a myriad of startling Foucauldian boomerang effect.

"For example, Israeli drones designed to vertically subjugate and target Palestinians are now routinely deployed by police forces in North America, Europe and East Asia. Private operators of US "supermax" prisons are heavily involved in running the global archipelago organizing incarceration and torture that has burgeoned since the start of the "war of the terror". Private military corporations heavily colonize reconstruction contracts in both Iraq and New Orleans. Israeli expertise in population control is sought by those planning securityoperations for international events in the West.
"

"The construction of sectarian enclaves modelled on Israeli practice by US Forces in Baghdad from 2003, for example, was widely described by US security personnel as the deevlopment of US_style gated communities in Iraq. In the aftermath of the devastation of New Orleans by Hurricane Katrina in late 2005, US Army officers talked of the need to "take back" the city from Iraqui-style "insurgents"."

Que dire de plus, sinon qu'il faut probablement se replonger d'urgence dans "Surveiller et punir" pour mieux comprendre l'urbanisme qui se prépare dans de nombreuses parties du monde ?

Friday, April 23, 2010

ET SI L'ANTARCTIQUE REMPLACAIT LA CISJORDANIE ?


J'avoue que je n'aurai jamais imaginé réunir dans un même post mon intérêt pour les contrées glaciaires et leurs développement dans les décennies à venir (voir et ), et toute la colère et le dégoût que m'inspire la scandaleuse politique israélienne dans les territoires occupés (voir et ), sans parler de celle déployée contre les civils à Gaza (voir ou ).

Et pourtant ...

"Une résolution de l'ONU avait attribué en 2028 toute la partie orientale de la Mer de Ross - incluant les Vallées Sèches - aux israéliens, en échange d'un engagement de leur part à démanteler complètement leurs colonies de peuplement en Cisjordanie.

Marché de dupes, avaient pensé certains. qu'aurait pu offrir cette terre martienne congelée, sans faune, sans flore, écorchée par un blizzard fou, rivetée entre banquise et calotte, écrasé par l'ombre des montages et maculée de gravats volcaniques ? Pas même l'espoir de gisements miniers ! Et pourtant les Israéliens avaient relevés le gant. A la surprise générale, ils avaient accepter la proposition avec panache et, plus surprenant encore, ils avaient tenu leur promesse de libérer les territoires occupés, ce qui avait permis la naissance d'un état palestinien viable. C'était peut-être la première fois qu'ils respectaient une résolution de l'ONU les concernant. Ils devaient donc voir leur intérêt dans cette étrange affaire.

Les colons vivaient dans la vallée de Wright près du lac Vanda. Ils avaient bâti sur les flancs deux complexes architecturaux, de véritable bulles sous abri conçues pour résister aux conditions météorologiques extrêmes. une petite communauté d'intrépides volontaires s'y était installée, constitué de représentants de la plupart des milieux sociaux caractéristiques d'une société moderne. tout ce monde vivait dans de confortables appartements, qu'ils quittaient pour emprunter des rues sous verrière menant à des restaurants, des supermarchés, un cinéma, une piscine, un terrain de sport et même, via un pont couvert, à la seconde cité de l'autre côté de la vallée. Ils ne quittaient leur cocon que pour rejoindre le port, effectuer des missions scientifiques ou travailler dans les serres expérimentales bâties autour du lac." (...) "L'essentiel de la nourriture de la communauté était fourni par le kibboutz responsable des serres, que complétaient une pêcherie et un élevage de
volailles.
"

Ces quelques lignes sont extraites du dernier roman de Martial Caroff, "Antarctique".

On peut y voir plusieurs choses.

Une bonne nouvelle - même si elle est peu crédible - qui serait le respect par Israël du droit international et la possibilité pour les palestiniens d'avoir un Etat à eux.

Une mauvais nouvelle - beaucoup plus crédible, celle-là - qui serait que la colonisation de l'Antarctique par d'importantes communautés humaines ne soit plus qu'une question d'années, faisant de ce territoire vierge une terre comme les autres, et donc soumise à toutes les exploitations.

Mais, moi ce qui m'a surtout marqué en lisant ces lignes qui se veulent pourtant de pure fiction, c'est que j'y ai un vu une très bonne description du mode de vie actuel des colons israéliens, qui vivent en total autarcie dans leurs colonies et qui circulent sur des routes qui leur sont totalement réservées. Vous remplacez "Ils ne quittaient leur cocon que pour effectuer des missions scientifiques ..." par "Ils ne quittaient leur cocon que pour effectuer des missions militaires de contrôles et de représailles ...", et vous avez la réalité quotidienne de la Cisjordanie aujourd'hui. On est pas très loin de cette autre fiction, seul change le climat.

Thursday, April 22, 2010

THE STADIUM, ONE NEW LABORATORY OF THE PANOPTIC SPACES ?


Et si au même titre que les aéroports (voir ), les stades devenaient les laboratoires des espaces panoptics du XXI° siècle ?

Élément de réflexion avec cet extrait d'une récente enquête du journal l'Equipe sur le Parc des Princes à Paris, le soir de certains matchs du PSG.

"Dimanche, à 21 heures, heure du coup d’envoi, Éric Belleut s’assiéra sur son siège, au centre de la bulle. Face au terrain, des jumelles et un talkie-walkie à portée demain, le regard braqué sur les écrans de contrôle installés devant lui et dans son dos.

Avec 149 caméras disséminées dans tout le stade, plus celles fixées à l’extérieur, le dispositif de surveillance du Parc est unique en France. Rien n’échappe, ou presque, aux différents organes chargés de la sécurisation du Parc et de ses alentours.

Quels sont-ils ? Les forces de police chargées du maintien de l’ordre sur la voie publique (gendarmes, CRS, gardes montées…). Plus les ressources chargées de la sécurité dans l’enceinte du stade : les policiers du Sarij, avec leur commissariat installé sous la bulle, les RG, et pour l’essentiel les stewards et membres de la sécurité du PSG (600 personnes environ). Leur travail est coordonné depuis la bulle par un ancien supporter parisien, aujourd’hui bras droit de Jean-Philippe d’Hallivillée, responsable de la sécurité du PSG.
"

Plus de détails .

Ce post est évidement directement liè à notre prochain Atelier : Et si l'obsession sécuritaire changeait insidieusement nos rapports à la ville ?

Monday, April 19, 2010

C'EST QUOI UN MONDE SANS AVION ?


Juste pour rebondir sur l'actualité d'un trafic aérien fortement perturbé par de la simple poussière de volcan et sur mon précédent post, une question toute simple : c'est quoi un monde sans avion ?

Eléments de réflexions avec ces extraits d'un texte de Claude-Marie Vadrot, publié sur Mediapart.

"La paralysie du trafic aérien sur une partie de l’Europe et de la planète pour cause de nuage de cendres islandais, nous offre une merveilleuse occasion d’imaginer ce qui nous attend, d’imaginer l’avenir sur le point d’être fracassé de la mondialisation qui veut tout transporter d’un bout à l’autre de la planète. Quand il n’y aura pratiquement plus de pétrole ou quand il sera devenu si cher qu’il ne représentera plus qu’un luxe réservé à quelques hommes d’affaires et aux chefs d’Etat et de gouvernement."

"Chaque jour une vingtaine de millions de roses débarquent aux Pays-Bas, avec quelques millions d’autres fleurs, en provenance du Kenya, d’Ethiopie, d’Equateur ou du Brésil. Chaque jour des raisins arrivent en France depuis l’Afrique du sud. En France et dans la plupart des pays européens. Chaque jour des haricots verts nous parviennent du Sénégal, du Kenya. En compagnie de petits pois écossés et préemballés. Sans oublier les tomates cerises d’Israël ou les tomates de Chine. Fruits et légumes exotiques, fruits et légumes de contre-saison prennent l’avion et les consommateurs et la planète payent le billet."

"Et nos médias s’interrogent gravement sur les vacances, sur les files d’attente dans les aéroports, sur les vacances gâchées et sur les formalités de remboursements. Sans préciser qu’un jour probablement proche nous devrons, faute de kérosène, renoncer à ces déplacements, courts ou longs qui plombent l’avenir de la planète.

Priver une partie ou la totalité du monde n’est pas un scandale de vacances, juste une préfiguration de ce qui nous attend si nous ne réfléchissons pas à la nature de nos échanges mondialisés."


Autres éléments de réflexions , et début de réponse peut-être .

Friday, April 16, 2010

QUAND LE CLEZIO IMAGINE LE VOYAGE EN TRAIN ... DEMAIN


Les trains sont les caravanes de ce nouveau monde.

Qui aurait imaginé, il y a quelques années, que le train redeviendrait le moyen de transport préféré de la jeunesse ?

Les embouteillages inextricables des grandes villes, l’encombrement du ciel au-dessus des aéroports et peut-être aussi la mode ont tout changé.

L’avion c’est pour traverser l’Atlantique, pour aller au Japon ou en Inde.


Moi, j’aime la nuit dans les trains. La vitre froide où l’on appuie le front en cherchant à découvrir le paysage qui tangue, les lumières qui zèbrent l’horizon, les étoiles qui planent comme au dessus d’un navire.

J’aime entendre le bruit des bogies, le crissement des aiguillages, les ponts, les gares qu’on entrevoit pendant qu’on plonge dans un demi-sommeil.

J’aime les longs corridors vides où l’on fume une cigarette en attendant de regagner l’alvéole de la couchette, allumer la petite veilleuse et lire un livre, les mots qui s’embrouillent dans la mémoire, qui se mêlent au son des roues sur les rails.

Je suis allongé dans mon alvéole individuelle, j’ai laissé seulement la lueur bleue qui éclaire vaguement les murs.”



“Le train est plein de nomades, de gardiens ou de clochards qui errent à travers l’Europe. Abdel me dit qu’ils ne paient pas. Ils ont truqué les tickets magnétiques. S’ils sont pris, il font un ou deux jours de prison et ils recommencent. Ils n’ont pas de but, ils veulent bouger, c’est tout.

Ces trains lancés à trois cents kilomètres à l’heure à travers l’Allemagne, la Hollande, les Flandres, descendant vers le sud de la France, vers Rome, ou vers Barcelone, Malaga avec leurs convois de vaguants, cela a quelques chose d’extraordinaire, d’inquiétant et d’archaïque qui va bien au changement de siècle.

Cela fait penser aux vagabonds du Moyen Age, ou bien aussi à ces trains que capturait Pancho Villa et avec lesquels il avait fait la révolution mexicaine.”



“Ces trains superbes, peut-être la forme la plus achevée du progrès technologique, lancés dans la nuit à travers l’Europe, avec leurs salles vidéo, leurs salons, leurs télévisions et ces milliers d’alvéoles en Plexiglas, transportant ceux qui nient et exècrent le progrès, ceux qui veulent ruiner l’industrie polluante, ceux qui veulent jeter à bas les privilèges des technocrates.

Ce train qui fonce dans la nuit, emportant ses clochards, à travers la nature pillée et brûlée, vers des villes étouffantes, vers des zones désertiques, où ils ne trouveront jamais la liberté, ni l’innocence perdue.”

Dans le train je marche le long des couloirs, je monte l’escalier vers l’impériale.

Nous traversons en ce moment à 260 kilomètres à l’heure la plaine immense de Westphalie, pareil à une mer dans la nuit.
Ce texte est un court extrait de “Journal de l’an 1” écrit par J-M. G. Le Clezio pour un hors-série consacré à l'Europe publié en mai 1989 par Libération.

J'avais été tellement frappé à l'époque par ce texte, que je l'avais immédiatement saisi sur mon Mac et que je l'ai toujours gardé précieusement. Aujourd'hui je ne le regrette pas, d'abord car ce texte est introuvable, mais surtout parce que c'est, selon moi, l'un des plus beau texte qui n'est jamais été écrit sur le voyage en train.

On peut imaginer que ce texte annonce d'une certaine façon les grands voyages transcontinentaux que nous prépare le XXI° et sur lesquels travaillent déjà les Chinois avec leurs projets de liaisons en train à grande vitesse entre l'Asie et l'Europe. (voir aussi Et cela ressemblera à quoi le voyage dans 25 ans ?)

Thursday, April 15, 2010

EMPILEMENT(S)


"Empilement (n.m.) : accumulation, amas, amoncellement, empilage, entassement, fatras, monceau, pile, superposition, tas."

Et si demain la hauteur et l'hyper-densité se dessinaient autour de la figure de l'empilement de volumes stéréotypés de maisons individuelles ?

C'est en tout cas ce que l'on peut imaginer devant ces maquettes de Sou Fujimoto, Herzog de Meuron et Alessandro Mendini et Silvia Annichiarico.

Et pour ceux qui aiment le kitsch et la couleur, voir l'Inntel hôtel imaginé par WAM Architecten et encours de finition à Zaandam en Hollande.


Sur cette question voir aussi, et .

Wednesday, April 14, 2010

DYSTOPIA MEGALOPOLI





Pour rebondir sur Dystopia Favela, je voulais vous proposer ces quelques images de Giacomo Costa, dont je vous avais déjà parler .

Issues de la série Megalopi, ces illustrations donnent une vision d'autant plus forte de l'hyper-densité possible du futur, qu'elles ne sont pas très éloignées d'une certaine réalité urbaine actuelle photographiée au plus près par des gens comme Floriane de Lassée ou comme Michael Wolf, voir Andreas Gurky.