Pour prolonger mes deux derniers posts sur la façon dont l'équipement militaires peut être vu comme outils de performance - là et là -, je voulais vous proposer quelques éléments de la réflexion que nous avons engagé à Transit-City sur les mutations récentes du soldat et de son pendant, le vétéran, sous l'intitulé "Soldier's Bodies".
Le sujet n'est certes pas un nouveauté dans le cinéma américain - voir "Deer Hunter", "Forrest Gump" ou "Born on the Fourth of July" -, mais contrairement à ces films, il ne s'agit pas dans "American Snipers" de faire des vétérans des êtres révoltés contre la guerre, juste des types mutilés qui tentent de continuer à vivre normalement.
Ce que raconte "American Snipers" est donc aussi le reflet d'un certain rapport au corps et au handicap développé dans la culture américaine depuis plusieurs décennies, et dont des séries TV comme "L'Homme de fer" ou "L'Homme qui valait 3 milliards" furent dans les années 70 d'excellentes illustrations. Un rapport au corps qui voudrait que le handicap n'en soit pas vraiment un si on accepte de se battre, et qui pouvait même vous rendre plus fort que les valides. Quelques magazines se sont fait récemment le reflet de cette vision un peu simpliste avec des couvertures très américaines associant patriotisme et optimisme forcené. "Même avec un pied en moins, je continue à me battre et à faire un grand sourire".
C'est donc dans le prolongement de nos réflexions sur les mutations des rapports au corps - voir "C'est quoi un corps demain ?" - et sur la puissance des imaginaires militaires dans notre culture actuelle - voir "Et si c'était les militaires qui inventaient la mobilité du futur ?" -, que nous avons lancé "Soldier's Bodies".
Vous trouverez ci-dessous quelques facettes de ce travail.
Voir à ce sujet, "Une autre façon de penser Action Man"