L'avantage quand on est dans la merde, c'est qu'on est obligé de bouger et d'innover.
C'est la situation que vit actuellement le Comité International Olympique qui se prend de plein fouet deux phénomènes de nature très différents mais qui le déstabilisent complètement.
- Un phénomène structurel qui est celui de la désaffection des JO dans les imaginaires sportifs des jeunes générations.
- Un phénomène conjoncturel qui est celui de la menace que la pandémie fait toujours peser sur l'organisation des JO de Tokyo cet été.
Deux réalités qui ont obligé le CIO à accélérer sa mutation notamment vis à vis du esport.
Avant les J.O, ça sera les Olympic Virtual Séries.
Pendant les J.O, ça sera les Intel World Open.
Cette double arrivée devrait bouleverser les choses en posant a minima trois questions très concrètes sur l'identité des Jeux Olympiques :
- c'est quoi demain une enceinte sportive ?
- c'est quoi demain la représentation d'un corps d'athlète ?
- c'est quoi les J.O., si les sports motorisés y sont autorisés ?
Reprenons les choses.
Première question : c'est quoi demain une enceinte olympique ?
Les Jeux Olympiques, c'était jusque-là des enceintes dédiées et des espaces très encadrés et normés.
Avec le esport, tout peut devenir enceintes sportives.
Virtual Regatta, c'est potentiellement l'arrivée du grand large.
Zwift, c'est l'arrivé des athlètes enfermés dans une pièces qui font semblant d'avancer
C'est quoi dans ces conditions un équipement sportif demain ?
Est-ce qu'un seule structure pourra accueillir toutes les épreuves sportives ?
Question induite : Est-ce que demain cela vaudra toujours le coup de construire des enceintes sportives de plus en plus chères ?
Deuxième question : c'est quoi demain le corps d'un athlète olympique ?
Les Jeux Olympiques, c'était jusque-là des corps athlétiques.
Avec le esport, tout corps peut devenir corps athlétique.
eBaseball Powerful Pro Baseball, c'est l'arrivé des athlètes gamefiés et sans jambes.
Street Fighter V, c'est l'arrivée des corps fictionnels dopés aux super pouvoirs.
C'est donc reconnaitre avec ces deux jeux vidéo, que tout corps est potentiellement un corps d'athlète légitime.
C'est aussi reconnaitre que les frontière du corps vont devenir de plus en plus difficile à déterminer.
Question induite : Entre virtuel et prothèse d'handisport, c'est quoi demain la définition d'un corps d'athlète ?
Troisième question : c'est quoi les J.O, si les sports motorisés y sont autorisés ?
Les Jeux Olympiques, c'était jusque-là des corps d'athlètes et uniquement des corps.
Avec le esport, le moteur va remplacer le corps.
Gran Turismo, c'est l'arrivée de la voiture aux J.O.
Rocket League, une partie de foot avec des voitures, c'est la concrétisation du remplacement du corps du sportif par une machine.
C'est un vrai basculement
Au départ, il y a eu l'athlète avec ses muscles.
Ensuite, il y a eu l'athlète handisport équipé de prothèses.
Aujourd'hui, arrive le moteur virtuel.
Demain va-t-on voir arriver de vraies épreuves automobiles aux J.O ?
Question induite : C'est quoi la définition d'un sport olympique demain ?
On comprends qu'à partir de ces trois questions, pourraient se construire les bases d'un récit olympique totalement renouvelé pour le XXI° siècle.
Un nouveau récit olympique avec une nouvelle définition de ce qu'est une enceinte sportive demain.
Un nouveau récit olympique avec une nouvelle définition de ce qu'est un corps d'athlète demain.
Un nouveau récit olympique savec une nouvelle définition de ce qu'est un sport demain.
On vous laisse méditer.
Et on en reparlera forcément beaucoup plus longuement lors des Rencontres de la Prospective Sportive, notamment avec Nicolas Besombes, vice président de France Esports.