Le New-York Times, reprenant l'info selon laquelle les designers d'Airbus travaillaient sur des projet de "mal-assis" pour les vols courts-courriers, avait publié une belle illustration (ci-dessous) valant tous les discours sur les logiques des compagnies aériennes en matière d'aménagement pour les classes éco.
Mais sur ce sujet, le plus beau nous vient du Daily Mail anglais qui publiait le 7 août dernier cette image d'un Airbus A 380 transformé en dortoir.
Une proposition loin d'être aberrante tant le rayon d'action des longs courriers tend à s'allonger pour permettre aujourd'hui des vols de 18 heures, comme entre Singapour et New-York.
Mais avec de telles images, on est évidement très très loin des publicités d'Air France qui veulent nous faire croire que ses avions sont des temples du confort et de la zen attitude. (Interdit de rire)
Je me suis d'ailleurs toujours demandé pourquoi la signature d'Air France était "Faire du ciel le plus bel endroit de la terre" et non pas - ce qui devrait être la véritable ambition de la compagnie - "Faire de l'avion le plus bel endroit du ciel" ? Peut-être parce qu'ils savent qu'ils seraient incapables de répondre à cette promesse, pourtant très concrète.
Reste qu'aujourd'hui l'aménagement des avions est d'une telle pauvreté en classe éco (80% des passagers) que les images du New-York Times et du Daily Mail apparaissent comme de formidables stimulants sur les visages possibles des cabines demain.
Je trouve même que l'image du dortoir dans l'A 380 n'est pas sans rappeler la poésie des trains de nuits indiens, thaïlandais ou chinois. C'est évidement d'autres références que celles que tentent de véhiculer les compagnies, mais qui ne manquent pas d'un certain charme. Ceux qui ont essayé ces trains comprendront ce que je veux dire, j'en suis sur. Il existe de nouveaux codes de confort à inventer dans l'aérien, afin que l'avion redevienne un véritable lieu du voyage (comme le train ou le paquebot) et non plus simple lieu du déplacement.
Et je ne résiste pas à vous mettre ci-dessous la transcription d'un entretien que j'avais eu, il y a quelques années, avec ce grand voyageur qu'est Claude Villers.
"L'avion, c'est utile, mais je ne cherche pas l'utile quand je voyage. L'utile m'ennuie. Moi, je préfère le rêve. Si on ne rêve pas on ne peut pas vivre, et si il y a bien un moyen de transport qui aujourd'hui a tué le rêve du voyage, c'est bien l'avion. Quand on est enfant on n'aime pas les cadeaux utiles, on aime les cadeaux qui font rêver. Et bien moi je suis resté un gosse, et je veux que les moyens de transports me fassent rêver, et pas seulement qu'ils me transportent. Il n'y a aucune poésie dans le voyage en avion. Aujourd'hui grâce à l'avion on part plus loin et plus vite, mais le voyage en lui même est une horreur. On est prisonnier dès son arrivée à l'aéroport. Les salles d'attentes d'aéroports sont aussi sinistres que l'intérieur des avions. Ce sont simplement des enfilades de sièges. Vous rejoignez l'avion par un bras téléscopique ; on ne voit plus rien, on ne sent plus rien ; tout est aseptisé, fonctionnel pour embarquer et débarquer les passagers toujours plus vite. On est loin du voyage."