City of monarchism :
City of capitalism :
Les deux photos aériennes
ci-dessus de
Paris et
New-York et leurs titres viennent de l'exposition
Tokyo metabolism présentée dans le
pavillon japonais de la
Biennale d'Architecture de Venise.
Elles présentent une évolution assez simple du tissus urbain tel qu'il s'est à la fois densifié et ordonné depuis deux siècles dans les pays occidentaux.
En toute logique, on aurait pu imaginer que l'image suivante soit celle
ci-dessous d'un échangeur au coeur de
Tokyo. On y retrouve l'hyper-densité et la fluidité présentées comme les valeurs cardinales de la ville du XXI°.
Or, non, l'image suivante présentée est celle ci-dessous sous le titre de
The metabolism city.
The metabolism city :
Il s'agit d'un de ces nombreux quartiers de Tokyo faits de petites maisons et de ruelles dans lesquelles ne peuvent circuler bien souvent que les piétons, les vélos ou les kei cars. Ces zones quasi-villageoises sont à l'opposé de l'image que de nombreux étrangers se font des villes japonaises, alors qu'elles en représentent pourtant la plus grande partie.
Alors comment expliquer ce choix ?
Pour les trois commissaires de l'expo,
Koh Kitayama,
Yoshiharu Tsukamoto (
Atelier Bow-Wow) et
Ryue Nishizawa (
SANAA), ces quartiers de très basse densité, représentent, en effet, l'avenir du
métabolisme, théorie architecturale apparue sur l'archipel il y a une cinquantaine d'année, et dont la particularité était de se vouloir flexible via des structures extensibles permettant une croissance quasi organique des bâtiments (voir des images,
là ).
Sauf que là où les architectes
métabolistes des années 60, comme
Kenzo Tange ou
Kisho Kurokawa imaginaient le futur à travers des mega-structures tentaculaires,
Tsukamoto,
Kitayama et
Nishizawa l'imaginent, eux, à petite échelle, celle de la maison individuelle.
Pour eux, les idéaux métabolistes s'expriment dorénavant dans cette adaptation souple, soft et très discrète des territoires du quotidien, et non plus dans des grands gestes globaux. C'est en tout cas la vison qu'ils expriment dans leur très stimulant ouvrage
Tokyo Metabolizing, à laquelle on ne peut être que sensible. Et pour mieux faire passer leur message, ils présentent une étonnante vidéo visible
là ( Sur le pavillon, voir
là ).
Moi, ces images de
Tokyo m'ont marqué, car j'y ai vu autre chose que ce qui était présenté. J'y ai vu, en effet, une représentation neuve et - avouons-le - assez positive des évolutions possibles des immenses bidonvilles de villes comme
Rio ou
Mumbaï (photo ci-dessous). Ces zones ont, en effet, vocation à croître dans les années qui viennent ( 2 milliards de personnes y vivront en 2040, contre "seulement" un milliard aujourd'hui !! ), et il apparaît très très illusoire qu'elles disparaissent.
Demain dans un monde plus pauvre, plus inégal et plus précaire (voir
là), il va falloir nous habituer à penser autrement, à regarder autrement l'évolution des villes et
cesser d'imaginer que tout ira mieux, que les slums vont disparaître et que tout s'embellira. Cette vision est fausse et pas crédible, même si certains cabinets d'archis continuent d'
entretenir cette fiction (voir
là)
Et dans ces conditions pourquoi ne pas essayer de porter un regard plus honnête et plus juste sur les bidonvilles en les regardant comme
les laboratoires des informal cities du futur (voir à ce sujet
urbaninform ).
Et je trouve, que le regard proposé par les japonais à travers
Tokyo metabolism peut, d'une certaine façon, nous y aider par sa modestie notamment sur le plan formel. De façon très curieuse les petites maison japonaises, notamment celles présentées par l'
Atelier Bow Wow dans son superbe
Graphic Anatomy, ne sont pas si éloignées
en terme de taille et de densité de certaines constructions que j'ai vus dans des bidonvilles brésiliens, sud africains ou indiens, et peuvent apparaître comme des solutions pour demain. Voir, par exemple, les
Housing possibilities proposées dans le cadre du programme
Housing informal city .
Ci-dessous (cliquez sur l'image) ma vision d'un des rapprochements possibles entre l'architecture japonaise (
Atelier Bow Wow, à gauche) et justement ces nouveaux principes constructifs envisageables pour les bidonvilles (projet
Housing informal city, à droite). Le rapprochement n'est - me semble-t-il - pas totalement aberrant.

PS / Et pour continuer à réflèchir sur ces phénomènes de croissance informelle dans l'avenir, je ne résiste pas à vous proposer cette image de
Buckingham Palace entouré d'un vaste bidonville. ( voir
London postcards from the future )

"
The climate refugee crisis reaches epic proportions. The vast shanty town that stretches across London’s centre leaves historic buildings marooned, including Buckingham Palace.
The Royal family is surrounded in their London home. Everybody is on the move and the flooded city centre is now uninhabitable and empty – apart from the thousands of shanty-dwellers. But should empty buildings and land be opened up to climate refugees ? " (source,
London Futures)