(...) "Explique-moi quelque chose, dit-il. On a quatre containers de quarante pieds. On déclare quelques milliers de bites en latex dans chaque. Mais le poids réel ? Les cent trente-cinq tonnes, qu'est qu'on en fait ?
- La moitié des bites sont enregistrées en containers de groupage importés par Novarca, la moitié comme cargo pour R.P.
- Et ça veut dire quoi, exactement, containers de groupage ? ...
- Les envois par bateau sont classifiés soit comme containers complet, soit comme containers de groupage. Les containers nous appartiennent. Mais c'est indétectable, on passe par des sociétés dormantes. On les a en leasing par le Groupe d'équipement intercontinentales à Bâle. On partage chaque containers avec d'autres envois en containers de groupage enregistrés par Lupino au nom de la Société du Phare. Là non, il n'y a pas moyen de remonter la filète jusqu'à nous. Le cargo pour Lupino, dont s'occupe aussi notre courtier à New-York, est déclaré comme un envoi de livres scolaires en braille, imprimés à Hong-Kong par la Société du Phare pour distribution gratuite par la Fondation américaine pour les mal voyants, l'institut judaïque braille américain, et le Phare, Inc. Trente-trois tonnes par containers. Le tout chargé derrière nos bites. En principe, Novarca ne sait pas à qui appartiennent les containers, ni avec qui ou quoi on les partage. Etant donné que nous ne pouvions pas remplir un container à nous tous seuls, le courtier nous a casé dans les quatre containers de livres. Quand les containers seront remorqués hors du port par camion, les documents indiqueront différentes destinations, l'une les entrepôts de Novarac, l'autre ceux de Lupino. Les bites sont notre raison légale pour ouvrir et partiellement décharger les containers lorsqu'ils seront livrés dans le New Jersey. Le reste du bordel, qu'on décharge par erreur, on n'a pas idées de ce que c'est.
- Des bites en latex et des manuels en braille" médita Louis." (...)Ces quelques lignes sont tirées du superbe "Trinités" de Nick Tosches, qui offre un regard passionant sur la mondialisation des mafias.
Les images, elles, viennent de Unknown Field Division. Elles n'ont a priori rien à voir avec le texte de Tosches, mais elles l'illustrent à merveille. Et c'est pour cela que je les ai associées dans ce post qui prolonge les récents "Entre containers et mini-dromes" et "Ces nomades que l'on ne voit pas" sur les invisibles de la mondialisation.
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