Ces images pourraient être de nulle part et donc de partout.
Elles sont signées de l'agence Jacques Ferrier Architectures dans le cadre d'une réflexion pilotée par Constructa pour PSA sur la mutation possible des terrains de l'ancienne usine Citroën d'Aulnay-sous-Bois, réflexion à laquelle Transit City fut associée.
Si je vous les propose aujourd'hui ce n'est pas pour vous parler du projet de PSA, mais pour prolonger mon précédent post sur les visions de Google pour son possible futur siège social.
Les images produites pour Google et PSA sont en effet étrangement similaires, se déployant autour des mêmes codes écolo-hight-tech à la fois clean et green.
Un peu comme si aujourd'hui il n'y avait pas réellement d'autres visions possibles du monde du travail, de la ville et de la mobilité.
Un peu comme si toutes les promesses de révolutions liées au net, au mobile à l'imprimante 3 D ne devaient influencer qu'à la marge la pensée sur les lieux de travail du futur - voir "Work in process - c'est quoi un bureau demain ?" et "Et si c'était le garage qui devait révolutionner l'habitat ?"
Comme si tout devait être interchangeable, fluide, pour finir dans une grande confusion - voir "C'est quoi ce lieu ? un campus ? une usine ?"
Ce sentiment de confusion ne peut que s'accentuer quand on compare les images faites pour PSA (ci-dessus) avec celles faites par exemple par Willmotte pour le projet 1 000 StartUp de la halle Freyssinet.
Dans ces images, le travail semble se résumer à des réunions sur des canapés, dans des jardins ou dans des lieux de passages. On est entre le hall d'aéroport - voir là - et le salon de son domicile- voir là.
Cette confusion des lieux peut apparaitre normale. Elle est même dans l'orde des choses, le digital faisant exploser toutes les frontières spatiales définies au XIX° siècle avec le fordisme - voir "Et si nos concepts étaient inopérants pour penser les mutations urbaines à venir ?"
Mais moi ce qui me surprend le plus, ce sont deux choses :
- C'est d'abord le manque d'imagination des architectes qui pensent pourtant être à la pointe de la réflexion urbaine, alors qu'ils ne font, en fait, que mettre en volume l'air du temps publié dans les magasines de décoration. Voilà une profession qui se perçoit visionnaire et qui est en fait de plus en plus souvent dans le grégarisme et le suivisme le plus plat.
- C'est aussi - et surtout - l'absence totale de réflexion sociale qui accompagne ces visions. Comme si ces images étaient neutres, comme si les nouvelles méthodes de travail n'allaient pas changer radicalement nos modes de vie et avoir d'importants impacts sociaux. Ce qui est évidement totalement faux, car ces images sont le reflet d'une vraie révolution du travail et le symbole d'un néo-capitalisme qui n'ira pas forcément dans le bon sens pour tout le monde.
Il faut lire
- "Et si les nouveaux bureaux annonçaient la fin du salariat ?"
- "Travailler, surveiller, ne plus dormir"
mais aussi,
- "Why We're All Becoming Independent Contractors"
- "Three revolutions" ... à méditer plus particulièrement.