Tuesday, December 22, 2009

ET SI DANS UN MONDE PLUS CHAUD ET PLUS SEC, LA VILLE ARABE DEVENAIT UN MODÈLE ?


Et si nous nous penchions de nouveau sur un urbanisme qui a toujours eu à gérer le manque d'eau ?


Et si nous nous intéressions de nouveau à une architecture qui a toujours eu à lutter contre la chaleur ?


Et si on oubliait un peu les tours de Dubaï pour regarder les villes arabes traditionnelles ?


Bref, et si on refaisait un peu d'histoire urbaine pour mieux imaginer notre futur ?


Les dérèglements climatiques, et plus particulièrement le réchauffement climatique commencent à faire sentir leurs effets un peu partout sur la planète.


L'Australie doit affronter depuis une petite dizaine d'années une sécheresse qui déstabilise, en autres, son agriculture.


La Chine voit ses déserts augmenter et doit faire face à d'importants problèmes d'approvisionnement en eau.


L'Espagne doit faire face, elle, à un nouveau phénomène de désertification et doit déjà importer de l'eau pour alimenter certaines de ses villes.


Mais, sur ces sujets, on pourrait aussi parler du Chili, de la Californie, de l'Inde, de la Cisjordanie ou du sud argentin.


Les choses sont aujourd'hui claires : les températures sont en hausse régulière, et rien n'indique (et surtout pas l'échec du Sommet de Copenhague) que le phénomène devrait s'inverser dans les prochaines décennies. Les phases de sécheresse vont donc croître elles aussi, et rendre encore un peu plus problématique l'approvisionnement en eau dans certaines régions.


Parallèlement, les phénomènes de désertification ne cessent de s'amplifier, notamment dans des zones qui étaient jusque-là épargnées.


Bref, il faut se préparer à vivre dans un monde plus chaud et plus sec. 


Ceci va nous obliger, entre autres, à repenser nos façons de bâtir et de concevoir des villes.


C'est dans le cadre de nos réflexions prospectives sur les développements urbains du futur, que nous avons décidé de nous pencher sur ces villes qui ont toujours du gérer à la fois des fortes chaleurs et de très faibles ressources en eau, à savoir les villes arabes traditionnelles.


C'est pour essayer de mieux comprendre ces villes trop souvent méconnues, que nous avons invité :


Mohamed MÉTALSI, qui est urbaniste, histoirien d'art et spécialiste des villes islamiques. Il est l'actuel directeur des Actions culturelles de l'Institut du monde arabe à Paris.


Il nous expliquera l'histoire et l'organisation de ces cités qui seront peut-être des modèles pour demain.


En introduction, François BELLANGER présentera "DESERT CITY" ou comment les déserts irriguent depuis toujours les imaginaires et les réalisations urbaines. 

Sunday, December 20, 2009

ET SI LA POLLUTION N'AVAIT JAMAIS ÉTÉ UN VRAI PROBLÈME ?


Question N° 1 :Et si la pollution n'avait jamais été pour Los Angeles un véritable handicap mais, au contraire, la condition même de sa réussite et de son succès ?

Si la question peut paraître plus que provocante, elle n'en n'est pas moins légitime au vu des analyses développées par John Matthew Barlow dans sa critique de "Smogtown: The Lung-Burning History of Pollution in Los Angeles" dans lequel Chip Jacobs et William J. Kelly tentent une histoire de la lutte contre la pollution à L.A.

Pour Barlow cette bataille est totalement illusoire, "smog and air pollution are so embedded in Angeleno culture, it’s impossible to escape them".

(...) "We live in an era where politicians and business people, as well as economists and other academics baldly lie when they tell us that to cut emissions, to accord to Kyoto, would be economic suicide. This is especially true in North America. Meanwhile, we live in a culture that encourages us to buy bigger, to have more stuff. We are products of a culture that has encouraged us to be (post-)modern, to acquire more goods. Indeed, in the wake of the 9/11 attacks, then-President George W. Bush advised Americans that the best thing they could do to show their resilience against the terrorists was to go shopping! " (...)

(...) "On the one hand, it is easy to see why the AQMD parking lot is full of SUVs and the organisation’s former headquarters is now littered with drive-thrus; on the other, however, it is just as easy to see that behaviour such as this is destroying the environment whilst we are trying to save it. Los Angeles is far from the only location where this tension is clear."

"In Canada, (Barlow est canadien) we have a Prime Minister who, despite all evidence to the contrary, continues to tell us that to cut our emissions drastically would be to kill our economy, and has even used the current recession as an excuse to ignore the emissions problems emanating from the Alberta oil sands. " (...)

(...) "Moreover, Los Angeles would never have turned into a Mediterranean city for one simple reason: it is not in the cultural DNA of North Americans to replicate life on the French Riviera. Certainly, other options could have been explored, but they all would’ve fallen short of Athens or Rome." (...)

(...) "At any rate, Jacobs and Kelly remain cynical, despite all the work that has been done in Los Angeles, despite the countless sacrifices of various Angelenos at all levels of society, to ensure a better future. Certainly, as they note, of the 9,600 people who die per year from smog in California, the majority are in Los Angeles. But even that is a massive improvement over the mid-20th century. Moreover, it simply is not the case that the masses have tuned out and refused personal sacrifice."

Ce texte décapant, mais bienvenu pour remettre les choses en place et arrêter de trop s'illusionner sur certaines mutations, est lisible in extenso . Il permet d'expliquer en partie l'échec du Sommet de Copenhague.

Question N° 2 : Et si le réchauffement climatique n'avait jamais été pour les Américains un véritable souci mais, au contraire, la condition même de leur réussite économique ?

Selon un sondage Gallup réalisé en décembre : "Fewer than 4 in 10 Americans (36%) believe that laws designed to reduce global warming will help the economy, while 42% believe those laws will hurt the economy."

"Despite this general support for the U.S.' putting pen to paper in Copenhagen, President Obama faces challenges in agreeing to some of the financial and environmental demands being placed on the U.S. at the conference, given U.S. public concerns about the potential economic impact of climate-change policy.

First and foremost, Americans clearly prefer taking major steps to improve the economy over taking major steps to reduce global warming at this time. Eighty-five percent of national adults choose improving the economy in this trade-off, including 93% of Republicans, 85% of independents, and 78% of Democrats
."


Toutes les infos sur ce sondage, .

Ces analyses et ces chiffres concernent les Etats-Unis, mais seraient bien évidement applicables dans tous les pays du monde.

Saturday, December 19, 2009

LE DRONE PIRATÉ OU LA GUERRE 2.0 ?


Hier lors de l'Atelier Transit-City consacré aux émeutes urbaines, nous avons évoqué l'évolution et la militarisation des polices anti-émeutes dans le monde. Parmi les signes forts de cette évolution, nous nous sommes rapidement arrêtés sur l'utilisation des drones, notamment par la police française, pour surveiller certaines zones urbaines considérées comme dangereuses, et ce à l'image des armées israélienne et américaine (voir sur ce sujet Quand Tsahal s'inspire de Blade Runner)

En France, les premiers tests de drone furent conduits en décembre 2007 au-dessus de Strasbourg puis ensuite, semble-t-il, lors des émeutes de Villiers le Bel et ce à la grande satisfaction de la Direction centrale de la Sécurité publique qui dans un rapport datant de novembre 2008 conseillait que "l’emploi des moyens aériens doit être désormais systématisé quelles que soient les réticences de certaines autorités ou certains élus, la Direction générale de la Police nationale doit l’imposer comme outil d’appui tactique."

Plus récemment Le Figaro révélait dans son édition du 18 octobre dernier que «la police judiciaire parisienne exploite discrètement depuis six mois un minidrone, le Idrone V3, commercialisé par SMP Technologies, la société qui vend le Taser en France.

Deux « pilotes » ont d’ores et déjà été formés. Le Idrone V3 n’a pas encore été engagé dans des opérations, même s’il fait partie des moyens dont dispose la Préfecture de police, dans le cadre de la force d’intervention de la police nationale qui a été créée cet été.
 »


Devant une telle évolution des techniques policières, on ne peut que constater combien certains passages de "Au dela de Blade Runner, Los Angeles et l'imagination du désastre" de Mike Davis s'avèrent aujourd'hui prémonitoire sur la militarisation de l'urbanisme dans certaines grandes métropoles mondiales. "Puisqu'il n'y a aucun espoir de voir les investissements publics augmenter dans le but d'améliorer les conditions sociales, nous sommes obligés de consacrer de plus en plus d'argent public et privé à la sécurité des personnes. La rhétorique des réformes urbaines continue, mais la substance en est vidée "Reconstruire L.A." veut simplement dire consolider le bunker."

Dans "Brève histoire de l'avenir", Jacques Attali pousse la logique jusqu'au bout. "Ces grandes cités ne seront pour l'essentiel que des juxtapositions de maisons précaires, dépourvues de voirie, d'assainissement, de police, d'hôpitaux, cernant quelques quartiers riches transformés en bunkers et protégés par des mercenaires. Des compagnies privées de sécurité, de police, de renseignement concurrenceront les polices nationales dans la surveillance des mouvements. L'ubiquité nomade ouvrira à l'hypersurveillance quand celui qui est connecté laisse trace de son passage."

A la militarisation de l'architecture lié aux menaces terroristes (voir ) s'ajoute donc maintenant un contrôle via les airs, dont d'ailleurs les limites légales n'ont toujours pas encore été définies.

Si on peut légitimement être inquiet à long terme sur cette évolution, et notamment en matière de liberté publique, on peut aussi se rassurer en se disant que chaque système militaire trouve toujours assez rapidement son anti-dote. Et c'est exactement ce qui s'est passé récemment en Irakdes insurgés ont hackés un drone américain de surveillance pour en récupérer les images. L'info a été révelée par le Wall Street Journal sous le titre Insurgents Hack U.S. Drones.

C'est ce qu'on pourrait appeler d'une certaine façon la guerre 2.0, à l'image du web 2.0, c'est à dire fondée sur information partagée et enrichie par tous ... même par l'ennemi
.

Imaginons qu'un jour des hackers détournent les drones de la police pour en prendre le contrôle ... voilà la base d'une histoire dont on aimerait que quelqu'un comme William Gibson s'empare et, évidement, magnifie.


Le gag, si on peut dire, c'est que visiblement ce piratage s'est fait via le logiciel russe SkyGrabber et qui est en vente libre sur internet au prix de 25.95 $, et que le risque que cela se reproduise de nouveau n'est pas totalement écarté. "Senior military and intelligence officials said the U.S. was working to encrypt all of its drone video feeds from Iraq, Afghanistan and Pakistan, but said it wasn't yet clear if the problem had been completely resolved".


"The potential drone vulnerability lies in an unencrypted downlink between the unmanned craft and ground control. The U.S. government has known about the flaw since the U.S. campaign in Bosnia in the 1990s, current and former officials said. But the Pentagon assumed local adversaries wouldn't know how to exploit it, the officials said.

Last December, U.S. military personnel in Iraq discovered copies of Predator drone feeds on a laptop belonging to a Shiite militant, according to a person familiar with reports on the matter. "There was evidence this was not a one-time deal," this person said. The U.S. accuses Iran of providing weapons, money and training to Shiite fighters in Iraq, a charge that Tehran has long denied.

The militants use programs such as SkyGrabber, from Russian company SkySoftware. Andrew Solonikov, one of the software's developers, said he was unaware that his software could be used to intercept drone feeds. "It was developed to intercept music, photos, video, programs and other content that other users download from the Internet -- no military data or other commercial data, only free legal content," he said by email from Russia.

Officials stepped up efforts to prevent insurgents from intercepting video feeds after the July incident. The difficulty, officials said, is that adding encryption to a network that is more than a decade old involves more than placing a new piece of equipment on individual drones. Instead, many components of the network linking the drones to their operators in the U.S., Afghanistan or Pakistan have to be upgraded to handle the changes. Additional concerns remain about the vulnerability of the communications signals to electronic jamming, though there's no evidence that has occurred, said people familiar with reports on the matter.
"

Tout ceci est d'une certaine façon l'application de ce qu'analyse Thomas Rid dans son livre War 2.0 : Irregular Warfare in the Information Age, sans parler de l'excellent "The Scientific Way of Warfare: Order and Chaos on the Battlefields of Modernity"

Sur ce sujet, voir aussi .

Saturday, December 12, 2009

ONE NEW HIGH-SPEED URBANISM ?


A l'occasion de la 2009 Shenzhen & Hong-Kong Bi-City Biennale of urbanisme / Architecture qui vient d'ouvrir, Ou Ning, directeur entre autres de la Shao Foundation, présente une belle réflexion intitulée A City Called Shenzhen sur la croissance ultra-rapide de cette nouvelle megapole du sud chinois.

Une croissance qui a radicalement bouleversé le paysage comme le montrent les photos ci-dessus. (Sur la croissance Shenzhen voir )

Evidement quand on voit ces différents clichés, on ne peut que penser à Dubaï et à sa formidable turbo-croissance que résument mieux que tous les discours les deux photos ci-dessus prises en 1990 et 2003. Toute la question avec la crise actuelle qui touche l'émirat étant de savoir si tout cela ne va pas finir en méga château de sable à l'image de la ville abandonnée dans Wall-E.

Si tel était le cas, on assisterait alors à un nouveau type d'high-speed urbanisme, pas celui de la croissance effrénée, mais au contraire celui de l'hyper décadence accélérée.


Si cette question vous intéresse, vous pouvez toujours jeter un coup d'oeil sur ces deux très stimulants articles, "Will Dubai Join The List Of Fallen Cities ?" et "What To Do With An Unfinished City In The Desert ?"


PS / A l'heure de la débâcle financière de Dubaï, on ne peut que constater le grand silence de celui qui fut l'un des plus brillant analyste - mais aussi souvent apologiste - de cet urbanisme de l'excès, à savoir Rem Koolhaas. Et on comprend mieux pourquoi celui-ci annonce maintenant que son prochain chantier de réflexion sera ... les petits villages suisses. (voir la vidéo , et plus particulièrement les 10 dernières minutes)

Friday, December 11, 2009

ÉMEUTES - ÉLÉMENTS DE RÉFLEXIONS 03


"Où va nous conduire notre aveuglement collectif sur les quartiers sensibles ? Nous sommes au bord du vide et cela ne semble émouvoir personne, en dehors des élus de banlieue fatigués de crier dans l'indifférence. Alors oui, on peut continuer de disserter sur l'identité nationale, sur l'islam, sur le communautarisme. On peut critiquer la votation suisse interdisant la construction de nouveaux minarets et s'inquiéter du mouvement général de crispation des sociétés européennes vis-à-vis des immigrés et de l'islam.

Mais comment ne pas voir que la société française participe tous les jours à un référendum contre les "jeunes à capuche" ? Non pas avec des bulletins glissés dans les urnes. Mais un vote avec nos pieds, dans nos choix d'employeurs, d'élus, de parents, de voisins. Car cette catégorie sociale cristallise, à tort ou à raison, une triple angoisse dans notre société vieillissante : la jeunesse, l'immigration et l'islam. Une génération à laquelle on prête toutes les menaces, parfois contradictoires : du "repli communautaire" au communautarisme conquérant, de l'intégrisme religieux à la boulimie de consommation, de l'absence d'identité au trop-plein identitaire.

Sans se l'avouer, nous avons basculé dans une société de la peur et du rejet vis-à-vis d'une jeunesse perçue comme une nouvelle "classe dangereuse". Nous, collectivement, sans passer par un vote comme les Suisses, mais par nos pratiques, nos attitudes sociales.
"

Ces quelques ligne sont les premières d'un article paru dans Le Monde sous le titre Pourquoi la France n'a pas de leçon à donner à la Suisse sous la plume de Luc Bronner. Rien de nouveau, mais sans doute un nécessaire et très utile rappel des choses.

Voir nos précédents post et .

Thursday, December 10, 2009

ÉMEUTES - ÉLÉMENTS DE RÉFLEXIONS 02


Dans le cadre des Ateliers Transit-City, il y a toujours une période que je trouve passionnante qui est celle de la préparation des Cahiers qui oblige à aller chercher des infos là ou habituellement les autres ne vont pas forcément.

En prévision de notre prochaine réunion sur le thème "Et si nous entrions dans une nouvelle époque d'émeutes urbaines ?", je me suis ainsi penché sur ce qu'avait pu produire un certaine pop-culture sur ce thème.

Il y eut certains succès, comme le fameux "The French Democracy" qui a fait le tour du monde, mais aussi un certain nombre de projets destinés à ne jamais aboutir car trop ambitieux par rapport aux moyens, comme le "Paris Riots - Le jeu officiel des émeutes de Paris".

Le seul jeu sorti sur ce sujet vient des Etats-Unis, Urban Chaos traditionnel first-person shooter côté flic et qui, il faut bien le dire, est une sombre merde qui ne brille ni par son graphisme ni par l'approche du sujet. Les émeutiers qui ont tous la tête de Jason Voorhees avec leur masque de hockey sur glace sont assimilés à des terroristes et votre mission est de "defeat them by whatever means necessary in order to win his city back, capturing gang leaders and rescuing injured civilians along the way".

Le problème est que si cette façon policière de voir les choses est totalement stupide et caricaturale, elle se retrouve dans pas mal de productions grand public et notamment dans celle de l'inénarable Luc Besson qui sous ses allures de "rebel ami des jeunes et de la banlieue" se met toujours du côté des forces de l'ordre et du pouvoir.

Le summum de cette démarche est atteinte notamment par ces deux films Banlieue 13 et sa suite, B13-U, dont je vous ai déjà parlé récemment , mais qui méritent qu'on y revienne.


Le contexte de B13-U est assez simple. On est en 2013 et certains quartiers de la banlieue parisienne entourés de haut mur sont tombés sous la coupe de gangs qui se sont partagés le territoire. L'idée n'est pas inintéressante et reprend celle développée par John Carpenter dans ses deux opus Escape from New York et Escape from L.A., ou dans un jeu comme Mad World, d'une ville volontairement abandonnée à des délinquants par les pouvoirs publics.

Cette idée est d'autant plus intéressante qu'elle prend aujourd'hui une vraie résonance politique avec la multiplication des murs urbains (voir à Rio de Jameiro, ). La dénonciation d'un hyper-apartheid urbain aboutissant à l'effet inverse de celui recherché - il est rare qu'une population stigmatisée ne se révolte pas à un moment ou à un autre - aurait pu être l'axe de B13-U. Malheureusement ce ne fut pas le cas. Et c'est d'autant plus dommage que le récent District 9 a montré avec brio qu'on pouvait faire un excellent film d'actions sur ce sujet de la ségrégation.

L'autre problème est que pour soutenir son film, et à l'image du jeu GTA 4 et de ses dérivés sur les univers urbains un peu interlopes - voir , la production Besson a monté un site destiné à illustrer cette partition du territoire via une carte.


Et cette carte interactive est probablement le summum de tous les clichés vus et entendus sur les banlieues. Les noirs, les arabes, les néo-nazis, les asiatiques qui contrôlent chacun une zone et le trafic qui y lié, sont présentés d'une façon tellement grotesque qu'on se dit dans un premier temps que cela ne peut être que du second degrés. Mais non, c'est juste du Besson qui se veut dénonciateur et qui ne fait que reproduire la pire imagerie raciste développé par certains. (cliquer sur les photos ci-dessous pour lire la façon dont est présenté chaque groupe ethnique.)




Et je vous épargne toute l'histoire du film, celle-ci se résumant à deux gentils flics qui viennent protéger ces populations contre un pouvoir forcément mauvais, le président de la république joué par Philippe Torreton envisageant d'envoyer plusieurs missiles sur ces ghettos pour lutter contre la guerre des gangs !!!! C'est affligeant et terrifiant de connerie, surtout quand on connaît la réalité et plus particulièrement l'attitude de nombreux policiers et leurs contrôles au faciès !!!

Et là je comprends que, lors d'un récent tournage, les équipes de Besson se soient faites caillasser par une partie des jeunes présents - voir . Et je comprends mieux son attachement aux Minimoys, c'est moins dangereux et un peu plus son univers.

Voilà c'était un post un peu énervé, mais parfois cela fait du bien surtout quand on connaît la réalité de ces quartiers - voir .

Et sur ce sujet, vous pouvez aussi lire un petit bouquin qui vient juste de sortir et qui est pas mal du tout : Murs de Wendy Brown publié aux Prairies ordinaires

Tuesday, December 08, 2009

AUTRES PERSPECTIVES


Parfois certains interviews semblent résumer en quelques lignes les réflexions que nous conduisons au sein de notre think-tank Transit-City depuis plusieurs années. Ainsi celui de Daniel Cohen accordé il y a quelques jours Le Monde et qui était titré "Nous devons penser ce que serait un monde sans croissance"

"Industriels et politiques s'échinent à développer les voitures électriques, à mettre des panneaux solaires partout. Peut-être parviendra-t-on effectivement à tirer un câble sous la Méditerranée pour aller chercher l'électricité d'immenses centrales solaires situées en plein Sahara ! Mais verdir notre monde industriel, ce n'est pas changer de modèle. (voir )

La véritable quatrième révolution industrielle, après la vapeur, l'électricité et l'informatique, serait plutôt celle de la mobilité, qui allierait une technologie - l'interconnexion généralisée - à une nouvelle organisation du travail, modifiant complètement le rapport entre l'homme et son espace. (voir et )

C'est un peu le modèle californien : chacun sur son vélo et derrière son écran, chez soi, dans la rue, et au maximum une fois par semaine à son bureau. Mais le risque est celui d'une ghettoïsation sociale complète, avec un retour à une économie villageoise médiévale... mais branchée sur la planète.

Je pense toutefois que ces visions d'un avenir technologique plus ou moins radieux ne doivent pas nous dispenser du "catastrophisme éclairé" que prône par exemple le philosophe Jean-Pierre Dupuy. (voir ) Nous devons penser ce que pourrait être un monde qui n'aurait pas trouvé le moyen de perpétuer sa fuite en avant planétaire dans une croissance perpétuelle.
"

On aurait aimé que ce genre de réflexions dans la bouche d'un économiste reconnu apparaissent un peu plus tôt, et pas seulement après la crise. Mais bon, c'est déjà un premier pas ...

Sur ce sujet des limites de nos modes de vie liées à nos modèles urbains dominants, voir, entre autres, .

Sunday, December 06, 2009

LES PLUS HAUTES TOURS ANNONCENT-ELLES LES PLUS GRANDES CRISES ?


La construction des plus hautes tours du monde annoncent-elles les plus grandes crises économiques ? Ou dit autrement "existe-il une corrélation entre la hauteur des gratte-ciel et l'ampleur des crises économiques ?"

Si la question peut apparaître un peu incongrue, elle n'en est pas moins légitime au vu d'une récente analyse publiée en mai dernier dans la revue Histoire par Gilles Antier sous le titre "Tours suspendues".

Pour réfléchir à cette hypothèse, je vous propose quelques extraits de cet article qui se révèlent très troublants car historiquement et économiquement rigoureusement vrais.

"Les annonces d'arrêt de chantiers de tours de 70 à 100 étages se multiplient dans le monde. Avant la tour Costanera de Santiago du Chili en février, ce furent, en rafale, la tour Russie à Moscou et la tour Spire à Chicago (610 mètres chacune), les 270 mètres de l'impressionnante double tour Trump à Dubaï, et même la plus modeste « râpe à fromage » promise à Londres pour les Jeux olympiques de 2012. La déroute économique mondiale a très vite conduit à un retrait généralisé des investisseurs, des entreprises, et des locataires."(...)

(...) "Comme l'avait soupçonné dès 1999 Andrew Lawrence, un analyste américain de la Dresdner Bank, (semble ainsi exister), depuis le début du XXe siècle, une corrélation entre les crises financières et la hauteur des gratte-ciel dans les pays où elles se sont produites."


"A Manhattan, les deux plus hautes tours du monde à l'époque, le Singer Building et le Metropolitan Life Building, étaient en cours d'achèvement en 1907 lorsque l'indice de Wall Street perdit la moitié de sa valeur.

Puis ce furent le Chrysler Building et l'Empire State Building (319 et 381 mètres) qui marquèrent à leur façon le début de la Grande Dépression en 1930-1931. Quant aux tours jumelles du World Trade Center de New York comme la tour Sears de Chicago, elles furent inaugurées à l'époque du premier choc pétrolier.

Ce troublant « indice des gratte-ciel » , comme le dénomma Lawrence, s'est ensuite manifesté en Asie en 1997-1998 au moment où furent achevés les 88 étages des fameuses tours Petronas de Kuala Lumpur et de la tour Jin Mao de Shanghai... en pleine crise financière asiatique.

En 2008 enfin, la récession a stoppé de nombreux projets ou chantiers reflets de l'euphorie immobilière des années 2000, cela aussi bien dans les zones de très forte croissance (Asie et pays du Golfe, au premier rang desquels Dubaï) qu'en Europe.
" (...)

(...) "La démonstration d'Andrew Lawrence est donc assez troublante. Elle s'expliquerait par le fait que l'apparition de tours de plus en plus hautes, ou l'idée d'en construire des géantes, seraient toutes deux le signe d'une bulle immobilière arrivée à son volume maximal et donc annonciatrices d'un retournement de conjoncture. Au Japon, les plus incroyables projets ont coïncidé avec le début de la grande récession du pays en 1992-1993." (...)

Friday, December 04, 2009

HORS-SOL

Pour faire suite à mes récents posts Quand les hollandais rêvent de .... et Cubes volants, je ne résiste pas à vous proposer ces deux superbes visions de villes volantes. Elles sont issues d'un campagne Nokia pour ses téléphones NSeries intégrant un GPS.

Le fait que ces annonces aient été réalisées par une agence basée à Jakarta, JWT, explique la présence des bidons-villes et des tours ultra-modernes qui aujourd'hui se côtoient dans la capitale indonésienne.

Sur le même sujet, voir l'incontournable film pour le métro de Madrid, . Toujours aussi magique et merveilleux.

ELLE EST OU LA FICTION ?

J'ai toujours adoré les concours réservés aux étudiants en architecture, car ils sont l'occasion de mieux comprendre les nouveaux imaginaires urbains des jeunes générations, mais aussi de découvrir des visions urbaines que bien souvent on ne peut voir que dans les films de science-fiction (voir sur ce sujet the top 50 dystopian movies of all time, mais aussi Heterotopia in cinema)

Parmi les concours que je suis avec attention d'année en année, il y a The President's Medals Student Awards organisé par the Royal Institute of British Architects, et dont je vous avais déjà parlé .

Les noms des lauréats de l'édition 2009 viennent de tomber, et les images ci-dessus sont le reflet très partiel mais assez justes des nombreuses propositions faîtes au jury. On remarquera qu'elles ne suscitent pas forcément la joie, et que l'avenir urbain vu par les jeunes archi semble quand même très marquée par les crise économiques, sociales et écologiques qui nous menacent.

Mais je vais vous avouer que la réponse qui m'a le plus interpellée est celle faîte par Adam Towle de University of Sheffield sous le titre Negotiating The Spectacle: Projecting Fact, Fantasy And Fiction In Dubai.
Ses photos très banales, voir ci-dessous, ont, en effet, un effet destructeur terrifiant en soulignant le gap entre certaines ambitions urbaines et la réalité actuelle fait d'un mélange de chantiers jamais finis, de gated communities sinistres ou d'enseignes connues mais qui, placées là, font totalement déplacées et incongrues. Ces photos sont une réponses assez terribles à celles d'en haut. Elles semblent leur dire que la vision plus ou moins sinistre du futur qu'elles développent ne sera jamais" aussi pire" que la réalité actuelle dans certaines parties du monde. Car ces images de Dubaï sont aussi celles de nombreuses périphéries de megapoles arabes, sud-américaines mais aussi indiennes.

Thursday, December 03, 2009

SPORTS CITY ?

Certaines images se révèlent au fil du temps parfois très cruelles pour ceux qui les ont imaginées et construites.

Les annonces ci-dessus réalisées par Dubai Sports City et signée "Sport has moved to a new playground", sont extraites d'une campagne de communication lancée il y a maintenant deux ans. Elles étaient destinées à ringardiser les équipements sportifs traditionnels afin de mieux mettre en évidence l'originalité de Dubai Sports City, dont je vous ai déjà parlé .

Ce projet urbain s'inscrit dans la série des nombreux chantiers pharaoniques lancés par l'émirat depuis une dizaine d'années (voir le site Dream Dubai Properties) mais qui, comme tous les autres, est aujourd'hui très largement remis en cause du fait de la crise financière que connaît Dubaï (voir ). Sur la folie immobilière dubaïote, voir aussi l'efficace Dubai’s Improbable Tale.

Au final Dubai Sports City devait ressembler à l'image ci-dessus, mais aujourd'hui ne fait que ressembler à l'image ci-dessous. Et cet état des choses, entre désert et chantiers pas finis, risque de durer encore quelques années, les déboires rencontrés par l'émirat actuellement ayant peu de chance de permettre un relancement très dynamique de ce projet à court terme. Surtout que la Dubai Sports City avait déjà pris beaucoup de retard et avait beaucoup mal à se financer avant même que n'éclate la bombe de l'incapacité de Dubaï à remplir ses obligations de remboursement (voir, entre autres, Le golf s’ensable à Dubaï)

Quand j'ai découvert cette image, je n'ai pas pu m'empêcher de faire un lien - même si les deux situations n'ont strictement rien à voir - avec le schéma ci-dessous, destiné lui à illustrer une hypothèse totalement aberrante - mais intellectuellement pas ininteressante - développée par le magasine The Onion qui voudrait que Haiti Makes Bid For 2216 Olympics. Le papier est - vous l'aurez deviné - une charge satirique contre cette idée que les J.O, et le sport en général, seraient de formidables booster urbains capables, entre autres, de sortir un pays de la pauvreté.

Mon rapprochement entre Dubaï et Haïti peut apparaître à certains d'entre vous tiré par les cheveux. Peut-être, mais il me semble en tout cas interroger de nouveau les rapports entre le sport et le développement urbain dont l'organisation de la prochaine Coupe du Monde de foot en Afrique du Sud risque de nous donner quelques éclairages étonnants dans quelques mois. J'y reviens très bientôt.

Sur ce sujet, voir : Et si la ville devenait un immense stade ?

Wednesday, December 02, 2009

ÉMEUTES - ÉLÉMENTS DE RÉFLEXIONS 01


Même si notre Atelier du 18 décembre prochain sur le thème Et si nous entrions dans une nouvelle époque d'émeutes urbaines ? ne concernera pas que la France, je voulais juste vous soumettre deux petits extraits d'un article paru hier dans Le Monde sous le titre "Zones urbaines sensibles : près d'un mineur sur deux connaît la pauvreté".

"Dans les zones urbaines sensibles (ZUS), qui correspondent aux quartiers les plus difficiles des métropoles françaises, soit 4,5 millions d'habitants, près d'un mineur sur deux vit aujourd'hui en dessous du seuil de pauvreté. (...)

(...) Le rapport annuel de l'Observatoire national des ZUS (Onzus), rendu public lundi 30 novembre, témoigne de la gravité de la situation dans les quartiers sensibles et éclaire les poussées de violence répétées, depuis les émeutes de 2005, d'une partie de la jeunesse des cités difficiles.

Il montre que, sur les cinq dernières années, avant même que la crise économique actuelle ne commence à faire effet, les gouvernements successifs n'ont pas réussi à corriger significativement les inégalités accumulées. Qu'il s'agisse de chômage, de pauvreté ou d'éducation, les ZUS demeurent des territoires relégués, en première ligne des tensions sociales.

Les données les plus préoccupantes concernent la pauvreté. Selon l'Onzus, 33,1 % des habitants des ZUS vivent en dessous du seuil de pauvreté (908 euros mensuels pour vivre) contre 12 % pour le reste du territoire. Cette proportion atteint le chiffre record de 44,3 % pour les moins de 18 ans habitant en ZUS, les premiers touchés par les inégalités de revenus
."


Et dans la même page du Monde, on pouvait lire un interview de Claude Dilain, maire PS de Clichy-sous-Bois, sous le titre "La logique du ghetto arrange tout le monde"

Extraits : "Comme tous les maires de banlieue, je suis inquiet. Nous faisons face à un phénomène nouveau: la colère ne touche plus uniquement les jeunes, ceux qui étaient en première ligne pendant les émeutes de 2005, mais elle s'étend désormais aux adultes, en particulier aux trentenaires qui ont fait des études, se sont mariés, ont des enfants, mais sont retombés au chômage avec la crise.

En 2005, il y avait un débat un peu théorique pour savoir si on se trouvait face à une émeute ou une révolte sociale. Aujourd'hui, dans certains cas, je sens qu'on est passés au stade de la révolte sociale et c'est dangereux.
" (...)

(...)"En réalité, la logique du ghetto arrange tout le monde. La société fabrique des situations extrêmes, mais ce qui compte, aux yeux des classes moyennes et supérieures, c'est que cela reste invisible et qu'on n'en parle pas trop. Les pauvres, surtout s'ils sont noirs et arabes, on les met à Clichy-sous-Bois en pensant, sans trop le dire ou se l'avouer à soi-même, qu'on préfère les avoir là-bas, à distance, plutôt que dans la classe de sa fille ou de son fils."

Tuesday, December 01, 2009

CARACAS



Juste deux images de Caracas pour se rappeler à quoi ressemble la croissance urbaine dans de nombreuses parties du monde aujourd'hui.

Deux photos qui ressemblent étrangement à celle de Mumbai publiée .