Friday, July 10, 2009

ET SI LES PANDÉMIES NOUS OBLIGEAIENT A PENSER NOTRE FUTUR URBAIN AUTREMENT ?

Et si nous assistions au grand retour des pandémies ?


Et si les villes occidentales devaient réapprendre à vivre avec cette menace ?


Et si les pandémies révélaient la grande fragilité de notre système urbain ?


Et si elles étaient l'occasion de repenser nos façons de bouger, de travailler, d'étudier et de consommer ?


Bref, et si les pandémies nous obligeaient à repenser autrement les villes et les mobilités de demain ?

"Villes tentaculaires, trop vite poussées, privées d'équipements et d'hygiène, croissance accélérée du trafic international, dégradation progressive de l'environnement, pauvreté, famine, malnutrition, troubles sociaux et politiques : voilà le monde d'aujourd'hui. 

Un monde qui a considérablement rétréci : quand il fallait 80 jours à Phileas Fogg pour en faire le tour, il ne faudra au SRAS (syndrôme respiratoire aigu sévère) que 80 heures. 

Un monde qui, chaque jour, voit près de six millions de voyageurs - soit autant de porteurs potentiels de germes dangereux - franchir une frontière. Un monde qui ne sait plus contenir géographiquement les épidémies, où la quarantaine est devenue une absurdité, dans lequel parasites et agents infectieux résistent aux thérapeutiques antimicrobiennes dont l'efficacité diminue à raison de leur surconsommation médicale et vétérinaire, à raison aussi des marchés parallèles qui sévissent dans certaines régions de l'ex-URSS et certains pays du sud. Un monde où, s'ajoutant aux énormes courants migratoires, l'urbanisation galopante a transformé de fond en comble les rapports écologiques entre les microbes et leurs hôtes.

Un monde où bien peu de choses, apparemment, laissent présager la disparition prochaine des épidémies."

Ces quelques lignes sont les premières d'un passionnant article titré La fin de l'optimisme écrit par Patrick Zylberman (Centre de recherche médecine, sciences, santé et société - CERMES) dans le livre Des Epidémies et des hommes.


Elles résument tout les défis que la recrudescence des pandémies vont nous obliger à rélever dans les années qui viennent et au premier chef duquel, une autre façon de penser demain.


En Occident, on croyait, en effet, les pandémies passées d'époque. Et puis voilà que depuis une vingtaine d'années se multiplient des maladies dites émergentes, SIDA, fièvre Ebola, SRAS, grippe aviaire, Chikungunya, grippe porcine... Des maladies contre lesquelles aucun traitement n'était connu, et qui nous faisaient subitement comprendre que les menaces sanitaires et médicales n'étaient plus réservées aux pays pauvres du Sud.


Et ce désenchantement n'en est certainement qu'à son début car, comme l'annoncent de nombreux spécialistes, nous nous dirigeons vers la multiplication des phénomènes pandémiques notamment à cause du réchauffement climatique et d'une urbanisation galopante et souvent très désordonnée. Voir, entre autres, sur ce sujet l'expansion de la mouche tsé-tsé dans les villes d'Afrique de l'Ouest.


Mais pour l'heure, c'est la grippe H1N1 qui fait l'actualité et montre toute la fragilité de nos sociétés et de nos villes. Transports collectifs au ralenti, magasins et et centres commerciaux désertés, écoles fermées, bureaux vidés, activité économique réduite ... c'est le tableau sombre que certains nous promettent pour cet automne si, par sa virulence, la grippe imposait l'application de mesures de santé publique pouvant sérieusement perturber nos modes de vie. 


Certains, déjà, n'hésitent pas à évoquer une remise à plat du code du travail si chacun devait restait chez soi, et d'autres la mutation de notre système scolaire au cas où les écoles resteraient fermées durant plusieurs semaines.


Bref, vous l'aurez compris, difficile dans le cadre de notre programme de recherche engagée pour la saison 2009/2010 sur les nouvelles menaces, de ne pas consacrer au moins un Atelier aux conséquences que pourraient entraîner dans les années qui viennent le développement des pandémies sur le fonctionnement de nos villes et nos modes de vie.

Pour nous aider à réfléchir sur cette vaste question, nous avions invité :

  • Patrice Bourdelais, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), qui est spécialiste de l'histoire de la population, des épidémies et des politiques de santé publique. Il a, entre autres, publié, en 2003, "Les Epidémies terrassées" dans lequel il montre comment depuis le XIVe siècle et la peste noire, les autorités ont progressivement mis en œuvre des politiques de santé publique qui ont concouru à faire de nos pays du Nord des sanctuaires à l'abri des fléaux.

L'Atelier était animé par François BELLANGER qui, en introduction, a présenté PANDEMIC CITIES.