Wednesday, June 30, 2010

McDO, L'AUTO ET L'EAU

Pour rebondir sur mon précédent post sur l'occidentalisation de la Chine, et notamment de ses imaginaires et de ses modes de consommation, je voulais vous proposer trois choses.

- D'abord cette toute nouvelle publicité suédoise, réalisée par l'agence DDB Stockholm, en faveur des McDrive de McDonald's.


- Ensuite un tableau réalisé par le magazine Good sur l'impact en terme de consommation d'eau du mode de vie américain.



- Enfin, et pour faire le lien entre ces deux images, des chiffres et une analyse de l'agronome Michel Griffon.

Les chiffres

Il faut 1 500 litres d'eau pour produire un kilo de blé

15 000 litres d'eau pour produire un kilo de boeuf

Il faut 1 mètre cube d'eau par jour pour nourrir un végétarien

4 mètres cube d'eau par jour pour nourrir un mangeur de viande blanche

6 mètres cube d'eau par jour pour nourrir un mangeur de viande rouge

A ce sujet, la consommation par pays de la viande de boeuf ...


La consommation de viande a quadruplé depuis 50 ans dans l'est de l'Asie, et doublé en Amérique du sud.

L'analyse et le lien avec les villes chinoises
"L'urbanisation va progresser rapidement. Cette concentration dans les espaces urbains et leur périphérie se fera surtout dans les pays en développement.

Ces mégapoles et leur hinterland dense se rencontrent souvent dans les grandes plaines côtières, dans les plaines intérieures et et les vallées, donc dans des zones où l'eau est disponible soit par la présence d'un fleuve, soit par une nappe phréatique dont les ressources sont abondantes.”

C'est précisément ce qui se passe en Chine

"Si l'urbanisation se poursuit au rythme actuel, et surtout si l'équipement automobile atteint le niveau de celui des pays occidentaux (1 voiture pour deux personnes), il y aura alors 640 millions d'automobiles, nécessitant 13 millions d'hectares de terre plane, soit une surface quasi équivalente à la moitié des 29 millions d'hectares actuellement occupés par la production des 120 millions de tonnes de riz chinois.
"

Extrait de “Nourrir la planète” de Michel Griffon.

Pour continuer à réfléchir sur cette question, voir et, surtout, .

Tuesday, June 29, 2010

QIANHAI OU LA VICTOIRE DE L'OCCIDENT ?

Contrairement aux apparences ces photos ne sont celles du front de mer de Dubaï, mais celle de Qianhai, une des zones portuaires de Shenzen, située au nord ouest de Hong-Kong. C'est l'un des nouveaux poumons de la Chine du sud avec le port de Yantian (Voir Quand les Chinois jouent à SimCity ).

Une grande partie de la croissance de Qianhai est fondée sur la création de nouvelles terres sur la mer, comme le montre le développement des polders ci-dessous. Outre de vastes plate-formes de logistique, ceux-ci serviront de support sur un peu plus de 1 800 hectares à la création un nouveau coeur urbain de 1,5 millions d'habitants. Les tours ci-dessus sont les prémices de cette nouvelle villes qui permettra de renforcer encore un peu plus la coopération entre Shenzen et l'ancienne colonie britannique (voir GD-HK pact to fuel Qianhai development)

Il restait à définir un plan urbain ambitieux pour cette vaste baie. C'est chose faite depuis quelques jours, puisqu'après une vaste consulation internationale, l'Urban Planning Land and Resources Commission of Shenzhen vient de choisir le cabinet américain James Corner Field Operations

Je ne vais pas m'étendre sur ce projet, si ce n'est pour remarquer qu'il ressemble étrangement à celui prévu pour le coeur du Dubaï, et confirme ainsi le parallèle toujours très tentant à faire entre cette cité-état et Shenzen tant sur la forme que sur la rapidité du développement (voir One new high speed urbanism ? ), même si a priori tout les oppose (l'une est aussi minuscule que l'autre est tenataculaire)

Et c'est justement ce parallèle qui moi me frappe aujourd'hui. Un parallèle qui tendrait à montrer que l'hypothèse d'une modernité métissée défendue par certains ( voir ) n'est aujourd'hui plus valable. Et que c'est plutôt à une occidentalisation accélérée du monde à laquelle nous assistons.

C'est en tout cas l'idée que défend quelqu'un comme Gilles Lipovetsky dans "L'Occident mondialisé : Controverse sur la culture planétaire".

Pour lui, les choses sont claires "en dépit de la réactivation des identités particulières, c'est moins une "modernité métissée qui s'annonce qu'une hypermodernité mondiale"
"S'il s'agit de dire qu'il existe des modernités échappant aux principes structurants du monde occidental moderne, la thèse est éminemment discutable, en ce qu'elle donne un poids excessif aux facteurs politiques, culturels et religieux, en même temps qu'elle sous-estime celui autres organisation lourdes (économie, science, technique, éducation individualisation) La vérité et que le processus de modernisation emprunte partout les mêmes voies structurelles.

L'occidentalisation qui gagne, ce n'est pas l'occidentalisme, ni l'american way of life érigé en modèle pour toutes les civilisations : c'est le processus de modernisme-rationalisation de toutes les nations et de leur manières de penser, de produire et d'agir quelle que soit l'intensité des réactivations culturelles, c'est la cosmopolitisation de la réalité planétaire, la diffusion mondiale des vecteurs universalistes constitutifs de l'âge moderne tel que l'a développé l'Occident."


C'est une question que nous avons déjà abordé dans ce blog (voir et ). Et il faut bien avouer que les photos ci-dessus vont dans le sens des analyses de Lipovetsky et semblent totalement démentir la thèse défendue par quelqu'un comme le sinologue François Jullien pour qui la Chine se démarquerait peu à peu du modèle occidental.

Et comme pour renforcer cette hypothèse d'une hyper-occidentalisation du monde, et plus particulièrement de la Chine, je ne peux que vous renvoyer vers cet article du Guardian titré "China: The next superconsumer ?" dont vous trouverez un extrait ci-dessous.
"Chinese consumers have never had more options. America's Wal-Mart, France's Carrefour, Britain's Tesco and Japan's Ito Yokado are expanding in China faster than in any other country.

Each year, they open hundreds of new stores in the expectation that demand will surge as more rural migrants move into cities and work their way into the middle class
. Young urbanites are becoming as enthusiastic about french fries, burgers and fried chicken as their counterparts in New York or London.

When the first KFC opened near Tiananmen Square in 1987, it was seen as a novel western dining experience; 20 years later, the company has 2,000 outlets in 400 cities, employing 200,000 people, making it easily the biggest restaurant chain in China.

In roughly the same period, McDonald's had grown from one restaurant to 800.
"

Monday, June 28, 2010

HAPPY ROAD / HAPPY STREET

Ci-dessus, une récente annonce réalisée par l'agence philipine DDB DM9 pour la Mini.

Ci-dessous, Happy Street, le pavillon hollandais à l'Expo Shanghai 2010 conçu par John Körmeling.



Ou quand les montages russes deviennent un modèle de circulation mais aussi d'aménagement urbain.

Voir , mais aussi Et si les échangeurs routiers devenaient ...

Sunday, June 27, 2010

¿ BARCELONA, LA FUTURA CIUDAD CAÑÓN ?

Publiée en 2008 par Aigues de Barcelona lors de la sécheresse qui touchait Barcelone cette année-là, cette annonce est bien sur excessive. Reste qu'elle pose une vraie question ( voir "Spain's drought: a glimpse of our future ?" ), et nous renvoie à cette autre interrogation : "Et si un dans un monde plus chaud et plus sec, la ville arabe devenait un modèle ?" Voir aussi, et .

Friday, June 25, 2010

LE PARK


"LE PARK se trouve sur une île privée au large de Bornéo. Sa superficie de 624 km2 correspond à peu près à la taille d'une mégapole comme Djakarta. On y accède, depuis les ports de Malaisie, par bateaux rapides ou, de n'importe où dans le monde, par avions long-courrier qui, dans un fracas de trains d'atterrissage, se posent sur un aéroport international flambant neuf.

Kalt, son propriétaire russe, a fait fortune dans l'industrie d'armement et du divertissement, secteurs économiques qui, en dépit de leur apparente hétérogénéité, ne sont pas si étrangers l'un à l'autre, eu égard aux techniques de vente et aux stratégie de distribution qu'ils impliquent. Il s'est fait un nom il y a quelques années lorsqu'il a ouvert dans la banlieue nord de Moscou, entre un échangeur autoroutier tentaculaire et une immense ferraille tenue par des Kazakhs taciturnes, le premier parc de loisir consacré au travail en usine. A l'entrée, dans un immense vestiaire de style soviétique, les visiteurs pouvaient revêtir un bleu de travail et, avec l'aide d'animateurs qualifiés, s'amuser à fraiser une pièce, conduire une machine, fondre de l'acier, assembler un moteur. cela a amusé le plus grand nombre, et le succès a rapidement été au rendez-vous.

Puis, fort de cette réussite, avec l'allant que procure l'expérience victorieuse, cette sorte de confiance en soi démesurée qui incite a tout oser sans se poser de questions, il a créé d'autres parcs aux thématiques originales : le Chantier Enchanté où les clients s'adonnent, après une rapide initiation, au maniement ludique d'excavatrices, grues, tracto-pelles, goudronneuses, foreuses hydrauliques, nacelle élévatrices, tarières automotrices, rouleaux compresseurs, camions chenilles ; ou le Ghetto Noir, dans lequel sont reproduites avec une minutie invraisemblable, qui frise la réplique parfaite, les conditions de vie dans une banlieue sinistrées, gangrenée par les trafics de drogue, la guerre de gangs et les combats de pitbulls.

Le ParK relègue définitivement ces parcs aux oubliettes aussi insolites soient-ils.
"

Ces quelques lignes sont extraites des toutes premières pages du "Park", le dernier livre de Bruce Bégout, ce très fin analystes des formes extrêmes des nouvelles modernités urbaines (voir , et )
Mais cette fois-ci c'est en romancier, et non en philosophe, que Bégout s'attaque au thème du parc d'attraction et ce de façon particulièrement décapante et cinglante. Son Park est, en effet, une vaste allégorie de notre situation urbaine dans tout ce qu'elle peut avoir de pire et de catastrophique. On y retrouve d'ailleurs beaucoup de thèmes abordés dans ce blog, comme le montre cet extrait ci-dessous que j'ai enrichi de liens vers différents post plus ou moins récents.
"de nouvelles perspectives se dévoilaient sans cesse : aéroports mosquées en feu (), assemblages titanesques de containers portuaires (), gratte-ciels immergés (), noeuds autoroutiers tentaculaires (), paquebots-villes (), chekpoints nocturnes (), favelas verticales (), polders célestes (), prisons-jardins (), etc"

C'est donc exactement tout le contraire du monde magique, aseptisé et rassurant des Dreamlands. Dans le ParK tout est fait pour déstabiliser.
"Fragment13

(…) l’architecture ne doit plus avoir pour but de constituer un abri, un refuge solide et durable contre les éléments et les événements, contre l’adversité, mais d’exposer l’homme au danger, de le mettre en péril, d’inverser l’hospitalité en hostilité.

La beauté d’un bâtiment se jugera à sa capacité d’inquiéter ses résidents."

Le Park c'est donc un Disneyland revu et corrigé par JG Ballard associé à William Gibson.

Mais c'est aussi la face fictionnesque - et encore plus sombre - des oeuvres de Mike Davis (voir, entre autres, ou ).
On est pas non plus très loin de cela.

Moi j'ai adoré.

Thursday, June 24, 2010

NO MOVE






Quand ce qui symbolise la mobilité est bloqué d'une façon ou d'une autre, ou désespérément vide, cela peut donner des images comme ces superbes toiles de Robert Olsen, un jeune artiste californien. Beaucoup plus .








Voir sur un thème très proche, The Hidden logistic city

Wednesday, June 23, 2010

LE PARKING COMME MUSEUM AUTOMOBILE


Le parking à étages peut-il être l'espace idéal pour un musée automobile ?

C'est en tout cas le pari qu'a fait l'agence romaine 3GATTI Architecture Studio pour gagner le concours du futur Musée Automobile de Nanjing en Chine. Ce sera le premier musée drive in qui pourra se visiter sans forcément sortir de sa voiture.


Pour poursuivre la réflexion sur ce sujet, voir New urban spaghetti junction ?, mais aussi et . Ou comment les Danois pensent vélos, quand les Chinois pensent autos.


PS / Et pour ceux qui aiment les parkings, voir le superbe 1111 Lincoln Road à Miami en photo ci-dessous.

Tuesday, June 22, 2010

MONUMENT FOR THE XX° CENTURY'S MOBILITY ?

Et si c'était dans les superbes travaux de l'artiste anglais Jeremy Dickinson qu'il fallait rechercher ce à quoi pourrait ressembler un monument à la mobilité automobile du XX° siècle ?

C'est en tout cas, la question que je me suis posé en découvrant son oeuvre, qui, par certains aspects, n'est pas sans rappeler le "Long Term Parking" d'Arman, ou une des "Future Ruins" de Michelle Lord.