Monday, October 27, 2003

VERS UNE VOITURE À TOUS LES ÉTAGES ? LA VOITURE UNE PIÈCE EN PLUS ?

Avec :
François SEIGNEUR, architecte,
et des représentants de Renault et du groupe PSA.

Sacrée voiture ! Voilà en effet un objet destiné à nous déplacer et qui pourtant ne bouge en moyenne que ... 48 minutes par jour.

Un paradoxe pas très nouveau qui a très vite amené les urbanistes et les architectes à se poser la question du garage dans les grandes villes. 

C'est ainsi qu'apparaît dès 1925 à Paris le premier immeuble avec six places de parkings individuels (pour 25 logements). 

En 1950, les pouvoirs publics conseillaient de construire 1 place de parking pour quatre logements, puis en 1960 une place pour un logement. Sept ans plus tard, les plans d'occupation des sols recommandaient eux 1,5 place par logement.

A l'époque, le taux d'équipement était de 42%. Aujourd'hui, il est de 80%, et près de 25% des ménages français comptent deux voitures. 

Des chiffres qui, en toute logique, devraient imposer deux parkings par logement. 

Mais les dégâts du tout automobile (pollution, bruits...) ont incité les pouvoirs publics a changer leur fusil d'épaule avec la nouvelle loi SRU (dite loi de Solidarité Urbaine) dont l'un des objectifs est de restreindre la place de l'auto au profit des transports en commun, objectif noble s'il en est mais qui ne résout pas le problème du parking.

Jusque-là, la tendance majoritaire était d'enterrer les parkings sous l'immeuble. 

Mais depuis quelque temps apparaissent ou réapparaissent des modèles architecturaux qui avaient disparu depuis plusieurs décennies. C'est ainsi que les parkings sur les toits font un retour remarqué avec une nouvelle approche de la rampe d'accès, celle-ci se développant soit sur toute la façade comme dans certains immeubles à Tokyo, soit en devenant le toit même du bâtiment comme à Amsterdam.

Dans le même temps, le parking silo refait lui aussi de nouveau son apparition, comme récemment à Stuttgart avec un immeuble-parking entièrement automatisé permettant de garer 124 autos sur 7 étages avec une emprise au sol de seulement 135 m2.

La logique voudrait que la prochaine étape soit la construction d'un immeuble avec un parking connecté directement à chacun des logements. Un “fantasme" que l'architecte François Seigneur a décidé de réaliser avec un projet d'auto-logement permettant via des ascenseurs de monter sa voiture au niveau de son salon.

Cette organisation aurait  selon lui, le triple mérite :
- sur le plan quotidien, de faciliter la vie des automobilistes, notamment pour charger et décharger le coffre de leur auto. 
- sur le plan architectural, d'augmenter la surface du logement "de 35 m2, grâce aux économies réalisées sur les parkings en sous-sol". 
- sur le plan écologique, de développer la voiture électrique, le projet étant soutenu par EDF

La voiture une vraie pièce en plus ? 

Pour François Seigneur, c'est une évidence : "Dans les publicités, la voiture est presque une maison, une seconde maison. Les sièges sont hyper-confortables, il y a le téléphone, la radio, bientôt la télé. La voiture peut servir de chambre d'amis, une idée qui n'est pas honteuse, qui est envisageable. Nous y sommes presque. La voiture pourrait se greffer sur le logement."

Côté constructeur automobile, le discours est beaucoup plus nuancé.

"La notion de deuxième maison est un slogan assez facile, qui exprime l’investissement affectif d’un habitacle « à vivre ». Certains ont fantasmé sur la voiture comme une pièce de la maison qui se détacherait d’elle. Cette idée est séduisante mais fausse !explique ainsi Patrick Bertholon de chez Renault"Les gens attendent d’une voiture qu’elle les déplace en toute sécurité, dans les conditions les plus agréables possibles, c’est-à-dire qu’elle leur permette d’y faire de plus en plus de choses et de retrouver, pendant le « temps automobile », leurs occupations et attitudes domestiques (être à l’aise, écouter de la musique, téléphoner...). Certains professionnels qui passent beaucoup de temps dans leur véhicule le considèrent comme un second bureau. Mais cela est différent car ici le rattachement se fait plus à la fonction qu’à l’espace.

"Cette notion de deuxième maison intéresse les constructeurs qui, depuis un certain nombre d’années, ne pensent plus seulement la voiture comme un espace dans lequel une personne conduit et d’autres sont passifs. Renault travaille par exemple depuis vingt ans sur l’idée de vie à bord, sans impliquer pour autant que la voiture soit une véritable pièce."

Chez Citroën, l'analyse est semblable : "La voiture fait rêver; mais aujourd'hui le rêve n'est plus dans le moteur, il est dans l'habitacle. Nos enquêtes montrent que les gens attendent aujourd'hui de la voiture de nouveaux aménagements" explique Catherine de Ploëg, en charge des nouveaux produits.

Les Ateliers Transit-City ont lieu au Pavillon de l'Arsenal de 8h45 à 11h
21 Bd. Morland 75004 PARIS.