Wednesday, August 17, 2011

SUD / SUD : ET SI C'ÉTAIT LÀ QUE S'INVENTAIT UN NOUVEAU MODÈLE DE CROISSANCE ?

La Chine, l'Inde et l'Afrique sont - avec le Brésil - les trois zones qui connaissent actuellement les taux de croissance les plus forts au monde, entre 6 et 9 % depuis plusieurs années.

La question est de savoir si la croissance de ces pays n'est qu'une simple copie de ce qui s'est passé en Occident au XXème siècle, et qui fut dupliqué avec un certain succès par des pays comme le Japon ou la Corée du Sud, ou si les Chinois, les Indiens et les Africains sont en train d'inventer un nouveau modèle de croissance plus vertueux, notamment sur le plan énergétique et écologique ?

A priori, on peut sérieusement en douter.

Le processus de modernisation en cours dans ces pays emprunte les mêmes voies structurelles que celles de l'Occident, même si tout le monde sait que ce modèle n'est pas viable ni soutenable sur le plan écologique et énergétique. Voir sur ce thème, notamment, les analyses d'Hervé Juvin.

La Chine est devenue en moins de vingt ans, le premier émetteur de CO2 au monde. L'Inde voit le nombre de ses pauvres continuer à augmenter. Quant à la croissance africaine, elle est surtout liée à ses formidables réserves de matières premières, et notamment le pétrole, dont les revenus ne profitent qu'à une extrême minorité.

S'ajoutent à cela tous les ferments de conflits que suppose cette croissance. Quand tout le monde désire la même chose, cela entraîne forcément de grosses frictions. Rappelons, juste à titre d'exemple, que si la Chine devait consommer autant de nourriture que les Américains aujourd'hui, elle absorberait les deux tiers de la récolte mondiale de céréale et les quatre cinquièmes de la production mondiale de viande.

Mais on peut aussi faire l'hypothèse qu'après une phase de rattrapage, l'Inde, la Chine et certains pays africains inventent de nouveaux modèles de croissance, et que - pourquoi pas ? - ceux-ci deviennent des références.

C'est notamment l'hypothèse défendue par des gens comme le sinologue François Jullien, le spécialiste des processus d'innovation Marc Giget ou quelqu'un comme Jean-Claude Guillebaud, pour qui ces pays vont trouver leur voie et se démarquer peu à peu du modèle occidental.

C'est aussi que peuvent laisser penser certaines déclarations comme celles du ministre indien en charge des infrastructures publiques d'information et de l'innovation, Sam Pitroda. Pour lui, « les cerveaux travaillent trop à résoudre les problèmes de riches. Nous - les Indiens - devons penser l'innovation en termes de produits et de services pour toucher les gens au bas de la pyramide. Nous voulons faire de l'innovation frugale. Nous pensons qu'il faut résoudre les problèmes des populations pauvres non seulement parce que l'Inde possède l'une des plus grosses populations pauvres de la planète, mais aussi parce que nous pensons que notre pays a le talent pour résoudre les problèmes des populations pauvres du monde entier. »

Si on veut bien se souvenir qu'en 2050, sur une population de 9 milliards d'humains, on devrait compter entre 4 et 5 milliards de pauvres, on comprend que ce genre stratégie est loin d'être anodine sur les logiques économiques d'un monde futur qui disposera de moins de ressources.

C'est pour aborder toutes ces questions que nous avons invité pour le premier Atelier Transit-City de la saison 2011/2012, le vendredi 23 septembre 2011 :
Jean-Joseph BOILLOT, chercheur au Cepii dont il anime le cycle «pays émergents» depuis 2007.

Après de multiples séjours en Inde et en Chine au cours des années 1980, il a soutenu en 1989 une thèse sur le modèle Indien de développement comparé en particulier à celui de la Chine.

Il est le fondateur de l'Euro India Business Group (EIEBG) et l'auteur d’une vingtaine d’ouvrages, dont le tout récent
"KAL, un abécédaire de l'Inde moderne".

Pour assister à cet Atelier Transit-City, l'inscription est absolument obligatoire.

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