Sunday, March 07, 2010

DE L'ETAT D'URGENCE A L'ETAT DE GUERRE PERMANENT ?


"Aux violences parfois inouïes commises par des groupes de jeunes, les soirs d'émeutes, répondent les dispositifs policiers toujours plus denses, plus complexes.

Une "militarisation" du maintien de l'ordre : utilisation régulière d'hélicoptères dotés de caméras infra rouges et de puissant projecteurs ; expérimentation de drones permettant de surveiller à distance les quartiers, de vérifier si des émeutiers ont stocké des projectiles sur les toits, de mesurer l'importance des rassemblements; mise en place d'équipes spécialisées dans les départements urbains, sorte de RAID des quartiers, extrêmement bien entraînées, composées de policiers volontaires pour professionnaliser les réponses aux émeutes.

Une organisations exceptionnelle.

Des moyens considérables.

Comme si le gouvernement avait maintenu une forme d'état d'urgence policier qui prolonge, sans le dire, l'"état d'urgence" légal, mis en place par le gouvernement de Villepin en novembre 2005, alors que l'Etat ne parvenait pas à faire face aux émeutes;

La guerre contre l'"ennemi intérieur" se jouera sur les détails.

Les incendies de poubelles ?
le ministère préconise d'enterrer les containers d'ordures.

Les coupures de courant électriques par les émeutiers, la nuit, afin de ne pas être reconnus ? L'intérieur demande de protéger les points d'alimentations électriques.

Les difficultés que rencontrent les CRS pour faire demi-tour dans les impasses avec leur camionnettes ? Élargir les voies ou modifier leur itinéraire.

L'administration policière va même jusqu'à donner des indications sur l'intensité minimale de l'éclairage : 22 lux en extérieur, 40 voir 80 lux pour un parking.

Deux siècle après le baron Haussmann, qui transforma le centre de Paris, notamment pour mieux assurer la sécurité, la police s'est emparée des immenses opérations de rénovation urbaine engagées en 2004, et qui doivent se dérouler au moins jusqu'en 2013, pour transformer le visage des cités.

En surface, donc des unités d'élite et des moyens considérables pour mettre le couvercle sur la cocotte-minute.

En profondeur, beaucoup plus discrètement, l'intervention directe sur l'urbanisme des cités.

Une guerre totale
.
"

Ces quelques lignes sont extraites du livre "La Loi du ghetto" de Luc Bronner, et elles résument très bien l'évolution qui se fait actuellement en France vers un nouvel urbanisme ultra-sécuritaire au service de la police, mais qui n'ose toujours pas dire son nom. Et qui se fait sans déclencher aucun débat.