Thursday, March 02, 2017

ET SI LA COURSE À PIED NE SUFFISAIT PLUS À LA COURSE À PIED ?

Suite à mon précédent post sur l'essouflement de certains mythes sportifs - voir, "et si le sport ne suffisait plus au sport ?" -, je voudrais aujourd'hui prolonger ma réflexion en l'appuyant sur un phénomène aujourd'hui peu perçu, mais pourtant bien réel, celui du déclin de la course à pied

Ou pour être plus précis, celui du déclin des grandes courses sur route (marathon, semi, 20 km... ) qui ont connu une croissance continue depuis quarante ans et qui ont alimenté les imaginaires sportifs et urbains depuis plusieurs décennies.

Mais aujourd'hui il faut se rendre à l'évidence ce genre de course sont des courses de vieux... et ne font plus rêver les jeunes. C'était déjà perceptible quand vous regardiez l'âge moyen des inscrit à ces compétitions. C'est aujourd'hui confirmé aux Etats-Unis par de nouvelles études.

Il faut lire à ce sujet la très bonne enquête du WSJ titré "How millenials ended the runing boom" dont j'ai extrait le tableau ci-dessus.

"A sport traditionally dominated by young adults, running is losing its hold on 18- to 34-year-olds. Millennials, in their late teens to mid-30s, recently passed baby boomers as the nation’s largest living generation. In footraces and other running events, however, their presence is shrinking, to 33% of finishers in 2015 from 35% a year earlier."

Évidement les jeunes ne sont pas devenus moins sportifs, mais ils ne se reconnaisent plus dans ce genre de compétitions auxquelles participent leur père, voir leur grand-père. "Millennials aren’t sedentary. Rather, they’re fueling the proliferation of studios that specialize in everything from cycling, CrossFit and boxing to ballet barre workouts, boot camp and weight training."

Ce n'est donc pas à un décrochage sportif auquel nous assistons, mais un décrochage culturel. Les imaginaires traditionnels de la course à pied ne crante plus avec des pans entiers de la population. 

La course a pied urbaine a explosé à la fin des années 70 par opposition aux sports qui étaient jusque là uniquement pratiqué dans les stades. C'est la grande victoire de Nike (le sport non officiel) face à Adidas (le sport officiel). C'est qu'on a appelé le Temps 2 du sport - voir "les 5 temps du sport". Aujourd'hui cette étape 2 s'essouffle.

C'est pour cela que la course à pied se cherche de nouveaux imaginaires notamment dans le ludique avec des courses festives qui connaissent aujourd'hui un véritable boom depuis quelques années à travers les courses nocturnes notamment - . (voir le tableau ci-dessous).

Pour aller plus loin, voir, .

C'est cette mutation culturelle qui explique aussi qu'une marque comme Adidas ait lancé il y a deux ans sur Paris son Boost battle run qui change totalement les codes du running autour d'une confrontation entre quartier avec des codes directement inspirés du "Seigneur des anneaux" et de "Game of Thrones" . L'idée de base est faire la fête, de picoler, de réseauter. C'est une variante de "Run fast = speed sex in the city ?"

On est très loin du "Paris-Versailles" ou de l'ascétisme des marathoniens. On est beaucoup plus proche de "League of Legend" et on comprend aussi beaucoup mieux le succès du E-Sport - voir "et si le e-sport dévorait le sport ?"

On y revient très vite.