Tuesday, April 27, 2021

ET SI POUR PENSER LE SPORT, ON ÉCOUTAIT PLUS CEUX QUI N'AIMENT PAS LES JEUX OLYMPIQUES ?

Chez Transit-City, on fait de la prospective.

On fait notamment de la prospective sur le sport, et c'est pour cela que nous avons monté avec Patrick Roult de l'Insep, les Rencontres de la Prospective Sportive.

Ce qui sous-tend la démarche des Rencontres, est une question toute simple : on regarde où pour penser demain ?

Une question que l'on peut décomposer en deux sous-questions : 
- où doit-on regarder pour penser le sport dans les années qui viennent ?
- qui doit-on écouter pour imaginer les évolutions du sport dans l'avenir ?

En général, les professionnels qui prétendent regarder l'évolution du sport regardent ... le sport et le marché du sport.

Ils font donc de la tendance en regardant les données du marchés ou en écoutant des sportifs.

Mais jamais, ils n'écoutent les non-sportifs et encore moins ceux qui détestent ouvertement le sport.

Et c'est dommage.

Car écouter les gens qui n'aiment pas le sport, c'est devoir entendre ce qu'ils reprochent au sport et à son système de valeur.

Et ça c'est fondamental pour penser demain.

Cela oblige à penser d'autres modèles et d'autres valeurs pour penser l'activité physique.

Surtout quand cette critique du sport est intelligente et incite à penser en dehors des schémas dominants comme le fait le philosophe André Comte-Sponville dans son livre "Que le meilleur gagne !".

Ses questions et ses doutes font réfléchir notamment sur l'obsession de la compétition.

"Quand je pense à ces centaines de jeunes qui passent des heures chaque jour à faire des longueurs de piscine, dans l’espoir de gagner, dans dix ans, une possible médaille olympique ! Il y a quand même mieux à faire de son enfance, de son adolescence, de sa jeunesse, que de faire des longueurs de piscine jusqu’à vous en dégoûter ! 

« Va au bout de ton rêve », disent les imbéciles. 

Eh bien alors, ne rêvons pas de devenir des champions ! 

Combien de jeunes garçons commencent leur vie d’adulte, tristement, sur un constat d’échec : ils ne seront jamais footballeurs professionnels! Quelle tristesse ! Quelle sottise ! Quel gâchis !"

Dans l'optique des Rencontres organisées cette années autour de la question "Et si les Jeux Olympiques portaient une vision dépassées du sport ?", on retiendra parmi les propos de Comte-Sponville, ceux concernant la fameuse devise "Citius, altius, fortius" qui, pour lui, "renvoie les Jeux olympiques au dérisoire qui est le leur."

 "Dès l’âge de trente ou trente-cinq ans, ce n’est plus « Plus vite, plus haut, plus fort », mais « Moins vite, moins haut, moins fort ». 
Or, que je sache, à trente ans, la vie n’est pas terminée ! 
À force de célébrer le sport, on finit par enfermer nos jeunes gens dans un jeunisme délétère, puisqu’on leur laisse croire qu’après trente-cinq ans, en gros, tout est foutu – ils n’iront pas plus vite, plus haut, plus fort. 
Si bien que la devise olympique revient à dire : « À trente-cinq ans, la vie est finie. » 
Ce qui est exactement le contraire de la vérité, le contraire de ce qu’il faut dire à nos enfants !"  

On est pas obligé d'être d'accord avec Comte-Sponville, ni de réduire les J.O à cette devise.

Mais sa critique est franchement à méditer dans un monde qui va compter de plus en plus de vieux et qui va être de plus en plus obsédé par le corps, la santé et la forme.

Dans ce nouveau contexte, les J.O. vont-ils à l'encontre de l'évolution démographique du monde ?

Voir "Et si la vieillesse permettait de réinventer les Jeux Olympiques ?"

André Comte-Sponville interviendra lors des Rencontres de la prospective sportive.