Tuesday, August 30, 2022

ET SI LE SPORT POUVAIT FAIRE ÉMERGER UNE NOUVELLE CLASSE ÉCOLOGIQUE ?

Aujourd'hui, le récit du progrès industriel est très fortement réinterrogé et remis en question du fait des dégâts écologiques qu'il a entrainé.

Nous vivons une crise du progrès et donc une crise du récit politique.

Il s'agit donc aujourd'hui de repenser le politique sur d'autres bases que celles qui a structuré le combat politique au XX° siècle.

C'est pour penser ce qui pourrait être les bases de cette mutation du politique et des nouveaux récits qui pourraient en émerger, que le philosophe Bruno Latour avait publié en 2019, le passionnant "Où atterrir ? Comment s'orienter en politique ?"

Pour lui, c'est le dérèglement climatique qui va redéfinir un nouveau mapping politique entre ceux qui mettent, ou non, le changement climatique au coeur de leur réflexion et de leur action politique.

Ce livre ne parle pas de sport.

Mais nous avions utilisé ce livre et sa grille de lecture, pour nous demander si celui-ci ne posait pas les bases d'une nouvelle articulation pour penser l'avenir du sport ? 

Cette grille d'analyse venait prolonger notre hypothèse sur le fait que le combat écologique allait devenir le 7° temps du sport - voir, .

Et elle posait déjà la question de l'acceptabilité ou non de certains sports au vu des défis climatiques et écologiques qui nous attendent - voir "Et si certaines pratiques sportives devenaient socialement insupportables ?"

Bruno Latour a poursuivi sa réflexion engagée dans "Où atterrir ?", avec un nouvel ouvrage paru début 2022 titré "Mémo sur la nouvelle classe écologique."

Son hypothèse de travail est simple : tout comme la révolution industrielle a produit de nouvelles classes sociales (la bourgeoisie, le prolétariat), la crise écologique pourrait produire une nouvelle classe politique qu'il nomme une classe écologique.

Dit autrement, sa question est : "à quelles conditions l’écologie, au lieu d’être un ensemble de mouvements parmi d’autres, pourrait-elle organiser la politique autour d’elle ?" Et l'écologie "peut-elle aspirer à définir l’horizon politique ?"

C'est aujourd'hui toute la question du débat politique qui agite un certain nombre de pays, dont la France.

Nous chez Transit-City, on a utilisé une nouvelle fois ce travail pour se demander si le sport en changeant possiblement de vocations, pourrait faire émerger lui aussi une nouvelle classe sportive, la classe écologique ?

Cette nouvelle classe écologique (ou écologico-sportive)  se constituerait à partir des possible nouvelles finalités du sport que nous avons tenté de définir autour de questions comme :

Si on paraphrasait B. Latour, ça donnerait : "à quelles conditions l’écologie pourrait-elle organiser le sport autour d'elle ?" ou " l'écologie peut-elle aspirer à définir l’horizon sportif ?"

C'est une question que nous avions abordé en 2018 lors de notre Atelier "Et si le sport permettait de réinventer le combat écologique ?"

On ne va évidement pas répondre à ces vastes questions dans ce post, mais on poursuit notre réflexion.

Et on y reviendra forcément plus longuement lors des quatrièmes Rencontres de la Prospective Sportive organisées le 16 novembre prochain autour de la question "Et si le sport devait s'inventer de nouveaux grands récits ?"