Imaginons la réunion de publicitaires : "Et si pour montrer que prendre le train c’est facile, on imaginait une système qui ferait qu'en assemblant trois valises, on aurait un vrai véhicule électrique ? On aurait plus à marcher avec nos valises dans la gare, on roulerait dessus !"
Et on passerait ainsi de la valise à roulettes à la valise-voiture comme on peut le voir dans «The Way to the Train», une pub pour le site Trainline.
«Brillant !» diront certains.
«Affligeant !» dirons d'autres, dont nous.
Car ce concept car de valises motorisés est juste un symptôme de plus d'une société qui a déclaré la guerre à son propre corps.
Remontons trente ans en arrière.
1991, lancement des premières valises à roulettes.
À l'époque, beaucoup ont vu cela comme un progrès.
On n'avait plus à porter 20 kilos, juste à les tirer ou les pousser.
Sauf qu'on a oublié de se poser la question : pourquoi voyageons-nous avec 20 kilos ?
La vraie innovation aurait été de réduire.
D'apprendre à partir avec moins.
De distinguer le nécessaire du superflu.
Mais non !
On a préféré l'escalade : puisqu'on peut maintenant traîner 30 kilos sans effort, pourquoi se limiter ?
Les valises ont enflé.
Le voyageur est devenu un déménageur récréatif.
Et maintenant certains imaginent la suite "logique", comme cette valise-voiture présentée comme un idéal de liberté et de mobilité.
Parce que marcher dans un couloir est devenu pour certains une épreuve insupportable (on ne parle pas ici bien évidement des handicapés ou des vieux séniors).
Parce que tirer 15 kilos sur 500 mètres, c'est encore trop demander à certains valides biens portants.
Parce que certains ont visiblement décidé que marcher et faire des efforts étaient devenus une forme d’agression contre notre bien être et notre société de la flemme.
Nous sommes la première génération de l'histoire à considérer la marche comme un effort extraordinaire.
Alors plutôt que de voyager léger, nous préférons motoriser nos excès…
...et nous imaginer que nous pourrons continuer à le faire encore longtemps.




