Faisons un constat simple : dans une société dominée par l’individuation des comportements et des identités, les individus se construisent tous une personal branding.
Cette construction passe essentiellement par les réseaux sociaux.
Et le corps et le sport sont très majoritairement au coeur de cette construction identitaire.
Souvenons nous de ce que disait Régis Debray dans « Civilisation »
" Qu'est-ce qu'une vie réussie ?
Pour ne rien rater, et au-dessus d'un bon niveau de revenus, il faut et il suffit :
1) d’être visible (travailler l'image, la marque, l'identifiant) ;
2) d’être en mouvement (bouger, surprendre, avancer) ;
3) d’être bien dans sa peau (en forme, jeune, dynamique).
En clair : branding + running + fitness."
Aujourd'hui, les individus se pensent et deviennent peu à peu des marques.
Et nombreux sont ceux qui deviennent - d’une façon ou d’une autre - une marque de sport.
D’où une hypothèse : et si nous devenions tous demain des marques de sport ?
Une marque de sport qui ne se définirait évidement pas par les produits, mais par les valeurs que chacun porterait à travers ses réseaux.
D’où question induite : ça ressemblerait à quoi demain le marché du sport si nous devenions tous une marque de sport ?
Tentative de réponses en quelques mots :
- Les grandes marques historiques ne domineraient plus seules, les consommateurs construisant de plus en plus des "micro-marques" individuelles ne s'appuyant plus sur des produits, mais des façons d'être et de faire.
- Nous aurions une explosion de micro-niches plus ou moins sportives et qui mettraient plus ou moins la performance au coeur de leur discours.
- Le marché ne serait plus segmenté par sport, mais par style de vie.
- Les grandes marques deviendraient, elles, des plateformes de soutien, de production et de distribution pour de très nombreuses marques personnelles.
- Elles ne vendraient plus leur propre récit, mais apporteraient leur soutien matériel aux créateurs les plus imaginatifs pour qu'ils créaient leurs récits avec les produits de la marque.
- Le marché du sport se transformerait en un gigantesque écosystème de micro-Influenceurs et de plateformes technologiques, où le succès n'aurait plus rien à voir avec la performance sportive, mais lié à la capacité de raconter une histoire.
Mais…
Mais si en fait, c’était déjà plus ou moins déjà la situation actuelle ?
Et si nous étions déjà tous devenus des marques de sport ?
Et si c'était même déjà la situation dominante aujourd'hui ?
En tout cas les preuves sont multiples :
- Des entreprises comme Nike et Lululemon ne cherchent plus à dominer l'entièreté du récit de la performance, mais investissent dans les micro-influenceurs pour créer la connexion et l'authenticité que les campagnes publicitaires traditionnelles ne peuvent plus garantir.
- La segmentation du marché est devenue plus horizontale, axée sur les valeurs et les modes de vie (fitness, wellness) plutôt que sur les disciplines sportives rigides.
- Le critère de succès est désormais de plus en plus lié à la capacité narrative et émotionnelle qu'à l'exploit physique.
Les grandes marques sont devenues des facilitatrices et des curatrices de l'émergence des récits individuels.
Et elles acceptent d’autant mieux cette multiplication des sources de narration, que ce sont elles qui en captent la valeur agrégée avec leurs produits exposés partout en permanence !!!
On en reparlera plus longuement 28 novembre, là.









