Sunday, November 08, 2009

VERS DES NARCOS CITIES ?


L'économie de la drogue va-t-elle donner naissance à un nouveau type d'urbanisme et d'organisation urbaine au quotidien ? C'est une question que je me pose depuis plusieurs années, et plus particulièrement après avoir un peu travaillé sur le rôle des trafiquants dans les favelas au Brésil, mais aussi - et surtout - après un séjour de plusieurs mois en Amérique centrale, fin 2006. Entre villas surprotégées, 4x4 remplis d'hommes en armes, descentes plus ou moins régulières de la police et de l'armée, et Unes quasi quotidiennes de journaux avec des photos de cadavres liés à des règlements de compte entre bandes rivales, on comprend très rapidement tout le poids de cette économie souterraine dans la vie de plusieurs centaines de milliers de personnes dans cette partie du monde.

J'avoue ne pas avoir de réponse à ma question sur la forme des villes, mais ce qui se passe actuellement au Mexique ne peut que m'inciter à continuer à réfléchir à la question, tant on retrouve dans ce pays une situation urbaine proche de ce que les anglo-saxons appellent les feral cities.

C'est pour continuer à réfléchir à cette question, que je vous propose cette carte et ces images tirées de l'excellent dossier que nourrit régulièrement le LA Times sur ce sujet, et que vous pouvez consulter .

Au delà du choc des photos, la question que je me pose est de savoir si dans un monde toujours plus inégal et dans lequel la droque et un moyen de gagner très rapidement de l'argent, ce type de situation ne va pas se banaliser dans les années qui viennent, et notamment dans les zones tampons entre un Occident riche et des zones défavorisées.

On parle aujourd'hui du Mexique et de l'Amérique centrale, mais pourquoi pas demain l'Afrique du Nord ? Et dans les pays riches, l'existence de zones entières de non-droit sous la coupe des dealers, ne relèvent pas de la science-fiction !

On en est pas encore dans la situation décrites par certains films très moyens comme Banlieue 13 ou sa suite, B13-U, mais la situation mexicaine ne peut pas, me semble-t-il, nous laisser totalement indifférent si on veut réfléchir honnêtement aux visages que pourraient avoir nos villes dans les années qui viennent. Et je reste toujours très marqué par cette rumeur qui a circulé lors des émeutes dans les banlieues françaises en 2005, et qui prétendait que celles-ci s'étaient arrêtées car elles mettaient en danger toute une économie de la drogue. Fiction ou réalité, j'en sais rien, mais c'est vrai qu'aujourd'hui les liens entre la narco economy et l'urbanisme me semblent très étrangement sous-étudiés.

Sur ce sujet, voir l'excellent Paraisopolis