Friday, September 04, 2020

C'EST CELA LA NOUVELLE HISTOIRE URBAINE ?

Au printemps, nous évoquions l'hypothèse qu'il serait dorénavant impossible de penser la ville sans intégrer les animaux sauvages dans la pensée urbaine - et .

Il y a quelques jours nous faisions l'hypothèse que le Muséum national d'histoire naturelle allait devenir un grand lieu de la pensée urbaine - .

Dans notre précédent post, nous posions l'hypothèse d'un chassé croisé entre le monde urbain et le monde sauvage - "Et si nous passions de l'urbain diffus au sauvage diffus ?".

C'est trois hypothèses font parties des pistes de travail que nous développons depuis plusieurs mois dans le cadre de notre chantier Rewild City ®.

Mais ce qui n'était que des hypothèses, semblent aujourd'hui se valider comme véritables base d'une pensée urbaine à réinventer.

Pour s'en convaincre, on peut lire le très stimulant "Zoocities - Des animaux sauvages dans la ville" de Joëlle Zask, qui vient de juste de paraître et qui rejoint de nombreuses de nos réflexions.

Extraits.
"Les animaux sauvages sont de plus en plus nombreux à s’introduire dans le milieu urbain, celui-là même qui nous semble pourtant leur être le moins adapté. Le confinement n’a fait que révéler un phénomène qui lui préexistait. Depuis quelques années, et alors même que nous constatons avec consternation l’extinction de milliers d’espèces et que nous nous demandons comment réensauvager la nature détruite par les activités humaines, les bêtes sauvages, sans attendre les effets hypothétiques de nos bons soins, affluent." 
"Voilà que la ville, conçue dans sa structure même pour les repousser, parvient à les attirer. Victimes d’un exode rural, opportunistes ou réfugiés clima­tiques, les animaux sauvages y cherchent plus qu’un refuge. Ils y cherchent, que nous le voulions ou non, un habitat.'  
"Face à une nature dénaturée par des produits phyto­sanitaires, des forêts fragmentées et déboisées, des plantations industrielles, des chasses aussi intensives que cruelles, des feux dévastateurs, le dérèglement climatique, l’étalement planétaire des zones urbaines, la compartimentation des territoires par des murs et des voies de circulation infranchissables, il semble qu’il faille modifier toutes nos ­perspectives. Car, tandis que les espaces ruraux deviennent de plus en plus hostiles, les villes, elles, « verdissent (...) Au risque d’une inversion complète des choses qui conduirait à des villes biologiquement plus « vertes » et plus viables que les campagnes." (...)   

 "Les animaux font plus qu’offrir la perspective d’une nouvelle géographie urbaine." (...)  

Ils nous contraignent à interroger nos conditions de vie.

On est dans le prolongement de "Et si le sauvage nous aidait à redéfinir nos sensibilités urbaines ?"

"Ce qu’est la ville pour les animaux sauvages, et ce que sont ces nouveaux occupants pour les villes, nous n’en avons aucune idée. Il y a fort à parier que s’ils pouvaient parler, ce qu’ils nous diraient de leur expérience de la ville ressemblerait peu à ce que nous croyons en connaître."


"Et inversement, si la ville pouvait s’exprimer, ce qu’elle raconterait de leurs parcours et de leur lieu de résidence serait sans doute étonnant. Elle dévoilerait une pléthore de géographies encastrées les unes dans les autres, superposées, décalées dans le temps, les unes au coude à coude, d’autres parallèles, avec des vides, des intersections, des échelles de grandeur contrastées. Comme l’a montré Vinciane Despret au sujet des oiseaux, il y a autant de formes de l’espace et, en particulier, du territoire que d’espèces"

"Avec les animaux se produit une diversification des usages de la ville à laquelle la culture urbanistique est généralement hostile."